(Dans le) Sonar : Le Clos Jouve dans la presse



  15/09/2024
L’étoile des amants - Causeur - 15 septembre 2024

C’est souvent ironique, parfois mordant, jamais méchant. Sollers était bien au-delà des querelles dignes d’un roman de Pagnol. Il avançait, et sa foulée n’était pas celle de son époque, encore moins de la France moisie qui refuse d’ouvrir les placards de la honte. Encore un extrait : « Mon cher Stéphane, vous revenez de votre île, moi aussi. Allons ensemble dans la vallée du mensonge. Avec joie. Avec gaieté. »
Nous y sommes, la guerre du goût fait rage, la victoire n’a jamais été aussi incertaine, mais l’étoile des amants nous guide.

Un article de Pascal Louvrier
 

  04/09/2024
Stéphane Barsacq : « Dominique suivi de Épectases de Sollers » - Lettres Capitales - Septembre 2024

"Incroyable et splendide exercice, comme un saut périlleux dans la mémoire littéraire à peine fanée de deux grands noms de la littérature française auquel se livre Stéphane Barsacq dans son dernier livre Dominique suivi de Épectases de Sollers (Éd. Le clos jouve) !
Incroyable parce qu’il fallait avoir le courage et l’envie du témoignage et splendide parce que l’auteur possède l’élégance et l’art rare et noble de se mettre au service de ceux qu’il aime et qui furent ses amis. Cette solarité qui rime avec singularité accompagne son récit pour dire l’amitié, la complicité, la bienveillance envers ces êtres qu’il admire et auxquels il est lié par d’anciens attachements familiaux ou culturels."

Un article de Dan Burcea
 

  01/09/2024
Dominique suivi de Épectases de Sollers de Stéphane Barsacq - Revue Mauvaise nouvelle - Septembre 2024

Ce livre, composé de feuilles d'un journal, de lettres, d'aperçus, de brefs récits, d'entretiens et de pensées, échappe avec bonheur aux devoirs parfois forcés des genres littéraires, pour donner, par éclats, ce dont nous nous souviendrons avec gratitude. Nous y sommes invités, non comme des thésards, mais comme des amis, à fréquenter Dominique Rolin et Philippe Sollers, qui, pour le moins, ne sont pas des gens ennuyeux. Entre Dominique Rolin, trop peu connue sans doute, mais si vive et illustre dans la mémoire de ses lecteurs, et Philippe Sollers, très connu, mais sans doute méconnu et souvent mal compris, les affinités apparaissent comme autant de preuves. Cocteau parlait de la « preuve par neuf des neuf Muses ». A chacune revient une forme d'amour, distincte de la suivante.

Un article de Luc-Olivier d'Algange

A nos temps autistiques et abstraits, Stéphane Barsacq oppose le génie de la rencontre. Dominique Rolin d'emblée nous advient, aérienne, ailée, attentive, heureuse : « Je chante en moi-même et c'est le bonheur », et ceci « Il faut écrire tous les jours . On a tous un noyau d'horreur dont il faut se défaire ». « Le bonheur, écrit Stéphane Barsacq, fut l'héroïsme de sa vie ». Cocteau encore à propos de son livre Les Marais : « Ce livre est une grande merveille, une joie profonde. Car les racines qu'il enfonce dans la nuit du corps humain, la nuit du sommeil et toutes les nuits inconnues, n'empêchent pas l'intelligence parfaite d'éclater dans le moindre mécanisme de sa fleur.» Toute une civilisation nous revient ainsi dans son enfance « retrouvée à volonté » selon le mot de Baudelaire, avec ses vivants et ceux dont on se souvient, souvent plus grands vivants que les vivants-morts qui nous gouvernent. Une civilisation non d'un bloc, mais en essaims , une « guerre du goût », - en faveur des abeilles d'Aristée.
Sans doute est-ce lorsque nous la voyons en danger, ou sur le point de disparaître, que la civilisation, la nôtre, nous apparaît dans sa nudité glorieuse, anadyomène, comme surgie des flots à ses premières heures, et désirable. Stéphane Barsacq laisse tomber les écorces mortes, les stratégies, les opportunismes subalternes, pour ne garder de Philippe Sollers que l'effort vers Mozart, les Illuminations rimbaldiennes, la conversion du regard dans et par la poésie : « Ce qui m'importe ? Le rythme, la vibration, la vérité dans la beauté. » Nul n'en pouvait mieux dire que l'auteur de Mystica, de Météores et de Solstices, - qui vont, par grands chemins, vers la musique et vers Dieu.
S'il cite à Dominique Rolin, lors d'une de leurs rencontres, la phrase de Heidegger « Le poète ne vient pas du passé, mais de l'avenir », il nous donne à comprendre que le tradere est chose vive. Écrire, alors, c'est demeurer fidèle à des dieux ou des Muses oubliés qui attendent dans l'étymologie, le blason secret, ensommeillé, nocturne, des mots eux-mêmes. Lorsque « cela chante en nous », le temps entre en réverbération, et le mirage, sur la route asphaltée de l'été torride, ou dans le désert, devient une préfiguration de ce qui nous devance ou nous attend . Stéphane Barsacq, s'adressant à Dominique Rolin : « Vous même, Dominique, toute votre vie, cette vie que nous avez mise dans vos livres, elle va revenir, et, avec elle, votre jeunesse. Chaque année supplémentaire aura été vécue, en fait, comme une année de jeunesse à venir. »
Ecrire, déjà, encore, à jamais, ce sera toujours subvertir le temps, n'être ni régressif, ni progressif, mais digressif, - trouver la transversale ou temps, ou sa ronde, la danse, sans laquelle, savait Nietzsche, les philosophes ne sont que de fastidieux balourds. La question que ne cesse de poser Dominique Rolin « Êtes-vous heureux » trouve sa réponse claire chaque fois que, par héroïsme ou désinvolture, nous avons vaincu l'esprit de pesanteur, le ressentiment, les théologies parodiques, les idéologies grégaires et vindicatives, pour être, avec Angélus Silésius « Un éclair dans l'Éclair », avec Rimbaud, « la mer allée avec le soleil », - faisant corps, dans notre profonde nuit, avec la soudaine épiphanie.
Qu'est-ce qu'écrire ? A cette question, à laquelle, par exemple, les œuvres de Maurice Blanchot tentent de répondre par la solitude radicale, Stéphane Barsacq ajoute une autre question : que sont les écrivains ? Quels soient leurs masques, leurs jeux, voire la représentation publicitaire que, parfois, ils se donnent d'eux-mêmes, sans doute sont-ils moins dissimulés que quiconque, puisque tout s'est déjà donné dans le phrasé, dans la grammaire et la mélodie des mots écrits que ne recouvrent plus les mensonges de circonstance du « langage du corps » si trompeur, ni les apprêts de la voix.
Demeurent, cependant, d'une rencontre, les propos sur le vif, que Stéphane Barsacq ne laisse pas échapper. « Il y a, lui disait Dominique Rolin, tant de jours en une minute ». Dire cela, le noter, sera un acte d'être. Nous ne connaissons pas nos semblables par leurs plus évidentes particularités, celles que tout le monde remarque, ni par leurs généralités, où s'avachit la pensée des « sociologues », mais par leurs intuitions, leur métaphysique expérimentale, qui ne relève plus de la psychologie, mais d'une connaissance, en soi de la « montagne vide » des taoïstes.
Que recevons-nous ? Que donnons-nous ? «L'art du roman, disait Dominique Rolin, est l'art de l'entre-deux ». Parfaite définition, si l'on voit qu'il est entre la nuit et le jour, entre la bouche qui dit et l'oreille qui entend, ni ici, ni là, toujours ailleurs, - pas n'importe où, mais juste là, entre la chose dite, ou vue, et celle entendue ou imaginée. Ce n'est pas le nulle part, mais bien l'exactitude même, une science exacte au possible, un exercice de fine pointe.
Ainsi nous comprenons, touches par touches, sur les noires et les blanches, le dessein de ce livre, de cette fugue, et celui de ceux qu'il nous invite amicalement à connaître, autrement dit « le lieu et la formule ». Dominique Rolin, « sculpte avec le vent », elle est d'une lignée de femmes, Christine de Pisan, Madame du Deffand, Anna de Noailles, entre autres, lesquelles, écrit Stéphane Barsacq, « font mieux que de se mettre à nu comme les nymphes de Diane qu'on voit fleurir, d'ailleurs à raison pour soutenir le combat contre l'obscurantisme. Mieux ? Elles mettent à nu le monde »

Luc-Olivier d'Algange

 

  01/09/2024
Stéphane Barsacq, de Rollin à Sollers, entre Ciel et Terre - Revue Livr'Arbitres - Septembre 2024

« Au fil des pages, Barsacq nous raconte ainsi des promenades de grands promeneurs, qui traversent la vie en esthètes et en dandys, qui cherchent des contre-poisons au monde moderne et ses valeurs de décadence. Ce livre en est un ! Prenez-le d’ailleurs comme une tentative de guérison, contre le désespoir, la bien-pensance, l’air du temps... Pour cela, Barsacq utilise de petites pilules : l’admiration, la poésie, l’amour fou, l’amitié, le désir, la fidélité, l’infini. De quoi être à l’image de ses deux amis : subversif. »

Un article de Marc Alpozzo


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La disparition de Dominique Rolin en 2012 et celle de Philippe Sollers en 2023 mettra un terme définitif à l’un des couples littéraires et clandestins les plus emblématiques du siècle dernier, une mort des amants, un peu à la manière de Tristan et Iseut. Il nous reste cependant leurs livres, des œuvres qui auront définitivement marqué une époque révolue aujourd’hui, mais dont nous nous souvenons avec bonheur. Ils auront connu le succès, la gloire, les feux de la rampe. Méfions-nous toutefois ! « Il est évident que la vraie gloire ne peut être que posthume, met en garde Dominique Rolin, c’est-à-dire sourdement propagée dans la profondeur obscure et comme distraite d’une époque. » En effet ! S’ils ont été deux écrivains – deux grands écrivains même ! –, ce que l’on devrait en retenir plus sûrement, ce sont leurs écrits, ce pour quoi ils furent faits : la création. L’un se sera rêvé en agent secret et en légende, l’autre aura vécu un peu plus discrètement. L’une nous quittera « sur le seuil de sa centième année » tandis que l’autre tirera sa révérence le 6 mai 2023, « jour du couronnement du roi d’Angleterre ».

Entre foi et plaisir
Dominique Rolin aura été une romancière connue, appréciée, couronnée du prix Femina. Philippe Sollers le trublion des lettres, le fanfaron, l’enfant prodige, l’hédoniste, le provocateur illuminé, contestable et contesté. Sa vie n’aura été que dualité entre foi et plaisir, ascèse et jouissance. Si la correspondance de ces deux amants « semi-clandestins » fut publiée récemment par Gallimard, il nous manquait certainement un livre pour les réunir, voire les unir à jamais. Car, si Sollers fut bien le mari de Kristeva, il fut surtout l’homme de Rolin, l’amant éternel, son « toutankamour », comme elle l’appelait. Et ce livre, c’est Stéphane Barsacq qui nous l’offre. Un petit livre sobre, discret, une sorte d’objet littéraire sous forme de document, un ouvrage puissant et beau. Important. Essentiel. Une sorte de ravissement littéraire dont le souci principal, certainement, est de fixer ces deux personnages dans la mémoire collective. Dominique suivi de Épectases de Sollers (éd. Le clos Jouve, 2024) est l’un des ouvrages incontournables de cette nouvelle rentrée littéraire. Pourquoi ? Parce qu’à la manière peut-être d’un laudatio funebris, d’un éloge ou d’une oraison funèbre, ce petit livre très bien édité, et agrémenté de quelques iconographies issues de la collection personnelle de l’auteur, paraît au moment même où les deux amants se sont rejoints dans l’éternité. Essentiel aussi, parce qu’il nous montre ces deux personnages dans leur intimité. Je me souviens qu’attablé à la Rotonde avec l’auteur, ce dernier m’apprenant la parution prochaine de ce livre, n’était pas peu fier de son titre. J’apprenais aussi un mot de la langue française : épectase. Du grec ancien epéktasis, « extension, allongement », ce mot ne pouvait aller mieux à Philippe Joyaux, dit Sollers, tant ce dernier était complexe et pétri de contradictions. Ce jouisseur sensible aux appels célestes aurait très certainement apprécié un tel mot, à la sémantique si chrétienne, et qui faisait tant résonner les appels vers Dieu, auxquels il fut, après sa période maoïste, si sensible. Épectase allait comme un gant par ailleurs, à ce couple, puisque dans une acception plus récente, ce joli mot de la langue française signifiait orgasme. Orgasme sexuel certes, mais surtout orgasme littéraire, orgasme cérébral ; cette forme-là d’éjaculation mystique à laquelle on peut rapprocher l’amour divin, ces amants du paradis, leur vie leur œuvre, sinon de la délectation, du délice, de la volupté. Épectase aussi, au sens de Saint Grégoire de Nysse. C’est du moins ainsi que je l’analyse : un progrès intérieur constant vers Dieu, une soif insatiable du Ciel.

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Stéphane Barsacq n’écrit-il pas à la page 60 de ce livre : « L’idée que Sollers a développée est que nul n’accède au sacré, sans faire l’épreuve d’une conversion – cette conversion qui s’ouvre par la poésie. Le sacré est le lieu de ce passage. Il n’est pas tant futur avenir hypothétique, qu’à naître, et à renaître. Il se loge en chaque instant et l’éclaire. »

Portrait d’une femme
Son livre débute par Dominique Rolin. Honneur aux dames ? Pas tout à fait ! Portrait d’une femme, pages de journal, coda, un peu plus de quarante pages dédiées à Dominique, titre de cette première partie, parce que Dominique est sa préférée. Elle a si bien connu sa grand- mère, mais aussi son grand-père, André Barsacq, qui l’a aidée à monter sa pièce L’épouvantail. Aussi, elle adoube le jeune Stéphane aussitôt ; le prend sous son aile. Pendant plus de dix ans, on suit les pérégrinations de cette amitié. Barsacq capte des instants de vie, des moments précieux, une longue histoire d’amitié entre un homme encore jeune et une femme déjà âgée, une conversation littéraire, mais aussi amoureuse. Car on le sent, on ne peut pas le manquer, Stéphane aime Dominique, d’un amour très fort, fait d’admiration et de sentiments mêlés. Elle, en retour, l’aime d’un amour sincère. Mais ce livre nous dévoile aussi, et de manière habile, deux trios : le premier entre Kristeva, Sollers, Rolin. Le second : Rolin, Sollers et Barsacq. Philippe, le dandy, le libertin ! Mais son libertinage, c’était quoi, sinon une affirmation contre le nihilisme. La haute culture, la haute musique, l’art contre la société spectaculaire. Dante, Casanova, Mozart, la liberté et le désir contre la morale et les bigots. Jésus et Zarathoustra, Angélius Silésius, Tchouang-Tseu et Maître Eckart, (« tous ensemble au paradis du verbe », écrit Stéphane Barsacq dans ses fragments pour une préface aux Illuminations à travers les textes sacrés), contre les barbares et la barbarie. Toute l’œuvre de Sollers n’aura alors qu’une vocation unique : nous sauver du désastre de la modernité. Nous élever au divin, à la vie divine. À ce propos, pour le plaisir, rappelons-nous encore le Sermon 34 de Maître Eckart, et qui aurait certainement plu à Sollers : « Dieu est à la maison mais nous n’y sommes pas. »

Écrivains du bonheur
Comme à son habitude (voir sa superbe trilogie Mystica, Météore, Solstices), Stéphane Barsacq aime mêler les genres : portraits, fragments de journaux, fragments de dialogue, note d’une préface inachevée, hommage, in memoriam, cet enchevêtrement de textes nous laisse entr’apercevoir des peintures, des anecdotes, des bribes, des brisures, des tableaux, des esquilles, toutes ces évocations : la vie ! entre ombres et lumière ! Lux in tenebris lucet metiturque dies. Épectases encore (au pluriel cette fois) comme joies, comme bonheurs. Je prends évidemment ce mot au sens rimbaldien : « Du bonheur que nul n’élude ». Lorsque je rencontrai Stéphane Barsacq pour la première fois, il y a de cela déjà fort longtemps, il m’avait invité à la Rotonde, comme Sollers vous invitait à la Closerie des Lilas. J’y avais évidemment pensé ! Combien de points en commun ? Des amoureux de la vie et de la littérature, des puits de culture, des hommes généreux et tendres. Des phares contre le nihilisme moderne. Mais aussi, des écrivains du bonheur ! Des insoumis. C’est ce qu’était indéniablement Dominique Rolin, tout autant que son jeune amant, et que son jeune ami. On retrouvait là, comme une triade : bonheur, joie, sagesse. Au fil des pages, Barsacq nous raconte ainsi des promenades de grands promeneurs, qui traversent la vie en esthètes et en dandys, qui cherchent des contre-poisons au monde moderne et ses valeurs de décadence. Ce livre en est un ! Prenez-le d’ailleurs comme une tentative de guérison, contre le désespoir, la bien-pensance, l’air du temps... Pour cela, Barsacq utilise de petites pilules : l’admiration, la poésie, l’amour fou, l’amitié, le désir, la fidélité, l’infini. De quoi être à l’image de ses deux amis : subversif !

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La vie e(s)t la musique
Je ne peux non plus conclure sans évoquer la musique. Rappelons-nous à ce propos le mot de Nietzsche : « Sans musique la vie serait une erreur. » La musique occupe toute l’œuvre de Sollers. Qui est en elle-même une partition, une symphonie, un opéra. Une partition dans l’esprit de la modernité, pour ce « maître en métamorphose » comme le décrit l’auteur : dodécaphonique. Schönberg, Stravinsky, Boulez, etc. Pas étonnant pour un écrivain qui se voulait avant-gardiste et qui était un impénitent admirateur de Haydn. Et de Mozart, bien sûr ! Barsacq aura rencontré Sollers à propos d’un texte publié sur le XVIII e siècle. Ils se seront connus de très près, mais pas trop près tout de même, assez pourtant, pour éviter les caricatures. Entre eux, jamais de bavardages, mais ce qui intéresse Sollers : « l’élégance des êtres ».

In mémoriam
Que retiendra-t-on de leur œuvre respective ? Nul ne le sait. Barsacq esquisse cependant son idée sur la question : « L’avenir dira ce qu’il restera de Sollers, si d’aventure il y a un avenir. Incorrigible pascalien, je parie, d’ores et déjà, sur Dominique. »

Un article de Marc Alpozzo

 

  20/08/2024
Dominique suivi de Épectases de Sollers, Stéphane Barsacq - La Cause Littéraire - Août 2024
L’admiration conjugue à merveille sous la plume de Stéphane Barsacq le cœur et le verbe. L’écrivain est un admirateur doué du pouvoir de rendre la vie à ceux qui l’ont (provisoirement) perdue : Dominique Rolin et Philippe Sollers. Il y a tout d’abord ces liens de Dominique Rolin avec la famille Barsacq : à partir de 1956 elle vient passer quelques vacances dans la maison familiale bretonne, le grand-père André, met en scène L’Épouvantail son unique pièce de théâtre, et c’est en toute raison qu’une belle amitié la liera au petit-fils, l’écrivain et éditeur Stéphane Barsacq. De leurs rencontres, de leurs conversations naîtra un petit livre, édité à vingt exemplaires hors commerce en 2011. Cette nouvelle édition, rendue possible par Philippe Bouvier et Frédéric Houdaer, les capitaines au long cours des éditions Le Clos Jouve, s’est enrichie de textes et de photos, pour ne pas oublier nos chers disparus, leur offrir peut-être une autre vie.

Un Article de Philippe Chauché
 

  12/07/2023
Le cinéma est sa nationalité - Portrait de Michel Sportisse - Expressions N°761 – du 12 juillet au 29 août 2023

Parmi les nombreux sujets qui pourraient devenir des livres – Il cite Vittorio De Sica ou la guerre d’Algérie –, celui sur le cinéaste René Vautier, cinéaste militant dont le film le plus connu est Avoir vingt ans dans les Aurès, semble le plus avancé.

Un article de Jean-Charles Lemeunier
 

  26/06/2023
Sur trois femmes à la hauteur - l'Humanité - Lundi 26 juin 2023
Quand Yannick Bellon (1924-2019) devient cinéaste dans les années 1950, on compte sur les doigts d'une main les femmes derrière la caméra.

Un article de Jean-Pierre Léonardini

Il y a Nicole Védrès, laquelle a tourné en 1948 Paris 1900 (Yannick Bellon était son assistante), puis Agnès Varda, dix ans plus tard, avec son film La Pointe courte.  Michel Sportisse, historien du cinéma, publie sous le titre Yannick Bellon, toute une tribu d'images (1), une captivante monographie sur celle qui, d'abord élève distante de l'Institut des hautes études cinématographiques (Idhec), finira par totaliser quelque quinze courts métrages de qualité, huit longs métrages marquants et quantité d'émissions exigeantes pour la télévision, sans compter ses travaux de monteuse, sa formation initiale.
Michel Sportisse analyse précisément, une à une, les œuvres cinématographiques de son héroïne, toutes inscrites dans l'ardent souci du réel de la documentariste ( Goémons, d'une durée de 23 minutes, sorti en 1949, fruit d'un filmage ardu dans une île perdue de Bretagne, fut couronné d'un grand prix à Venise), qu'on retrouve dans ses œuvres de fiction de longue haleine, entre autres, la Femme de Jean (1974), Jamais plus toujours (1976), l'Amour violé (1978), l'Amour nu (1981), la Triche (1984) ou encore les Enfants du désordre (1989)…
« L'enracinement réaliste » qu'évoque l'auteur va de pair avec un féminisme inspiré en exact rapport avec l'époque de la réalisatrice, qu'il s'agisse du couple, du cancer, du souvenir, du viol, de l'homosexualité ou de l'adolescence délinquante. Remarquablement informé, d'une écriture chaleureuse, empathique, l'ouvrage brosse de surcroît un beau portrait de famille où sont aussi dépeintes Loleh Bellon, la sœur magnifiquement actrice, et la mère, Denise, pionnière de la photographie, tendrement honorée dans le Souvenir d'un avenir (2001). Et l'on croise, dans ces pages érudites et émues, les frères Prévert et le groupe Octobre, l'oncle Brunius, surréaliste impénitent, Jean Rouch, Claude Roy, Jorge Semprun, Henri Magnan, hommes à des moments aimés, bref tout un bel épisode de la vie intellectuelle et artistique de Paris, où ont évolué ces trois femmes à la hauteur dûment ressuscitées.

(1) Préface d'Éric Le Roy, archiviste au Centre national du cinéma (CNC), 127 pages, 24 euros, aux Éditions le Clos Jouve où sont déjà parus, du même auteur, des ouvrages sur les réalisateurs italiens Ettore Scola et Mauro Bolognini.

 

  20/05/2023
Yannick Bellon, toute une tribu d'images - Michel Sportisse - Jeune Cinéma - Mai 2023

Il était temps qu’un ouvrage soit enfin consacré à une réalisatrice aussi parti­culière que l’auteure de Quelque part quelqu’un, La Femme de Jean, L’Amour violé, et autres films aussi bienvenus (et pas toujours reçus comme ils auraient dû l’être, tel L'Affût) - plutôt que redécouvrir à dates régulières Alice Guy, en la brandissant comme un étendard (en oubliant sa contemporaine étatsunienne Lois Weber, d’une dimension bien plus affirmée). Les articles que lui ont consacrés les revues de cinéma depuis quinze ans (et ce malgré son décès en juin 2019) se comptent sur les doigts des mains — on peut renvoyer sans honte à notre n° 392-393 (février 2019) qui revenait sur son itinéraire, à par­tir de son ultime D'où vient cet air lointain ?

Un article de Lucien Logette
 

  15/02/2023
Un train pour l’abîme - Sonia Mossé - Les Lettres Françaises - Février 2023

Après Fraenkel, un éclair dans la nuit, publié en 2021 et récompensé du prix de l’Académie française, Gérard Guégan poursuit, avec Sonia Mossé, son cycle de récits, non sans ce même souci de concision et d’excellence. Guégan brosse là un portrait attachant d’une jeune femme étonnante, une égérie photographiée par Man Ray, une figure touchante effacée par le temps. D’une certaine façon, l’itinéraire de cette reine sans couronne, jeune effrontée des années 1930 dont la beauté va électriser des peintres comme Balthus, André Derain et autres, s’oppose au parcours de Théodore Fraenkel le médecin militaire, le scientifique de la bande du Certa, un bar du passage de l’Opéra où se retrouvaient Breton, Aragon, Éluard, Desnos, Picabia, Tzara… Pour autant, leurs deux portraits se répondent, s’entrecroisent, se ressemblent autant qu’ils se diffractent, constituant à l’intérieur de cette généalogie du surréalisme une sorte de variation sur le thème : la vie est une aventure de poésie involontaire. Et si cela n’est pas, c’est terriblement ennuyeux.

Un article de Pierre-François Moreau
 

  16/11/2022
Sonia Mossé - Marianne - Novembre 2022

L'intelligence de Guégan, c'est avoir choisi celle qui fut une silhouette dans la réalité pour en faire le personnage principal. Là est son travail purement romanesque, dans cette recomposition du passé.
Sonia lui permet de mettre en valeur les vraies lignes de forces de la période : la liberté sexuelle naissante – le trio Éluard, Nusch (sa femme), Sonia et la photo des deux femmes par Man Ray – la révolution dans l'imaginaire et la perception – la folie d'Artaud le Momo comme l'exposition surréaliste de 1938 avec l'unique œuvre de Sonia, un mannequin maquillé – le retour à l'ordre pétainiste qui fait de sa politique anti-juive précoce le premier marqueur de son ordre nouveau. Sonia, elle, avec son physique aryen, jouera avec le feu jusqu'à la fin, refusant obstinément de porter l'étoile jaune ou de se cacher, restant à Paris et mangeant chez Lipp avec des officiers nazis à la table d'à côté. C'est ce feu-là que restitue parfaitement Guégan. On le remerciera, par les temps qui courent, de nous réchauffer l'âme de cette manière.

Un article de Jérôme Leroy
 

  07/11/2022
Prix René-Leynaud : Une poésie de résistance - Expressions - 7 novembre 2022

On ne peut que saluer les deux ouvrages, celui d’Hélène Lépine pour sa poésie humaniste prenant fait et cause pour les victimes, femmes et enfants, des guerres syriennes, et celui de Judith Wiart, dont les textes jouent subtilement entre plusieurs émotions, assurant une balance équitable entre l’humour et le désespoir.

Un article de Jean-Charles Lemeunier
 

  04/11/2022
Sonia Mossé : l’étoile juive - Le Courrier Picard - 4 novembre 2022

Grâce à une narration vive et bien menée – courts chapitres agrémentés de dialogues percutants – Gérard Guégan fait revivre ce destin fracassé et méconnu qu’il a découvert en écrivant son précédent livre consacré à Théodore Fraenkel (Fraenkel, un éclair dans la nuit, éditions de l'Olivier, 2021). Il fait également revivre l’époque de la deuxième guerre à Paris, où l’on voit agir des personnalités (Derain, Cocteau, etc.) à la conduite pas très reluisante, toujours prête à câliner l’ennemi venu d’Outre-Rhin. Un essai remarquable.

Un article de Philippe Lacoche
 

  03/11/2022
Sonia Mossé, reine sans couronne - Blog Antifixion - 3 Novembre 2022

Il reste à évoquer ce talent singulier de Guégan à nous forcer l’intimité, les coulisses d’Aragon, Cocteau, Nizan, Derain ou Breton, comme si on les écoutait, par le biais de dialogues vifs et limpides, la description d’une vie de strass et de frivolité, d’instants sans importance recelant le sens de l’époque. Puis à remarquer que son héroïne a quelque chose en commun avec Fraenkel, héros du précédent opus : elle se refuse à écrire. Mais contrairement au médecin du Normandie-Niémen, qui ne cherche qu’à disparaître jusque dans la tombe, elle aime les feux de la rampe, attirer l’attention, resplendir dans l’antimondanité où elle règne sans couronne et sans partage.
De ce dernier volume de la saga des années 1920-1930, Guégan a su faire un véritable roman, au sens de cette ancienne définition du roman aujourd’hui oubliée : c’est l’histoire d’une reine qui avait du malheur…

Un article de Thierry Marignac
 

  27/10/2022
La reine Sonia - Nouvel Observateur - 27 Octobre 2022

Dans un de ses petits livres vif-argent dont il a le secret, Gérard Guégan, ascendant Sagittaire, biographe des irréguliers et fin connaisseur des surréalistes, ne donne pas seulement à voir le destin météorique de Sonia Mossé, il nous offre de l’entendre au fil ininterrompu de dialogues cinglants.

Ici l’écrivain octogénaire de « Fraenkel, un éclair dans la nuit », retrouve sa jeunesse rebelle et la reine, sa couronne.

Un article de Jérôme Garcin
 

  18/10/2022
Sonia Mossé - Le Midi Libre - 18 Octobre 2022

Stéphane Cerri : Avant la guerre, il y a la période surréaliste, où elle a une place très particulière. Il y a très peu de femmes dans ce milieu, à part des muses...

Gérard Guégan : C'est sa nature amoureuse qui fait qu'elle n'est pas muse. Elle a réellement une relation privilégiée avec Paul Eluard. Ce qu'elle ne supportait pas dans le surréalisme, c'était le chef, le culte grotesque. Sa nature sensuelle la poussait vers le refus d'un groupe avec des codes, des règles, des lois.
Mais en même temps, elle connaissait Jean Cocteau, qui ne s'est pas révélé très courageux. Tout le monde a dû être au courant de son arrestation. C'était un petit milieu entre le Flore, les Deux Magots, Lipp et le fameux restaurant Le Catalan, où j'ai peine à croire qu'il n'y avait pas d'Allemands en civil.
Ce qui m'a intéressé, c'est à la fois son côté séductrice, audacieuse, capable de tout. C'est quelque chose que les Français n'aiment pas du tout, contrairement aux Américains. Elle était touche-à-tout. Elle a fait plein de choses.
A 18 ans, elle est le modèle de Balthus, elle rencontre Artaud. Elle a une relation amicale avec Giacometti, qu'elle rencontre sans doute à Montparnasse et on lui prête une relation amoureuse avec lui. Elle maîtrisait les choses, elle savait écrire, elle savait s'habiller.

Un article de Stéphane Cerri
 

  13/10/2022
Sonia Mossé, une reine sans couronne - Vie Nouvelle - Octobre 2022

Un bel hommage à cette muse qu'on a quelque peu oubliée.

Un article d'Amélie Meffre

 

  13/10/2022
Sonia Mossé, une reine sans couronne, Gérard Guégan - La Cause Littéraire - Octobre 2022

Être romancier, c’est notamment avoir le bon goût des dialogues, et Gérard Guégan en possède toutes les saveurs, la force, la vivacité, la légèreté, le trouble, l’arc et la flèche dans la manière de les assembler.

Un article de Philippe Chauché

« La photo de Sonia que fit Wols le lendemain impressionnera l’ambassadeur du Reich en poste alors à Paris. Il verra en elle, ironie du sort, la parfaite représentation de la beauté germanique et parviendra à convaincre le directeur d’un hebdomadaire berlinois de la publier en bonne place.

Ainsi allait la vie à la veille d’une nouvelle grande tuerie ».

De livre en livre, de héros anonymes en héros invisibles, Gérard Guégan poursuit son roman du siècle passé, celui des surréalistes, des écrivains indomptables, des communistes perdus, des traîtres et des absents, des révoltés curieux, des goûteurs du monde, des amours, des guerres et des révolutions. Après avoir écrit un admirable portrait de Théodore Fraenkel (1), il se glisse à nouveau dans ces temps troublés et troublants, inventifs et terrifiants : les années trente.

Les années des amours de Sonia Mossé avec Agnès Capri, Judith – une Anglaise aussi rousse qu’amusante –, et Nusch, ses amitiés fécondes avec Antonin Artaud – je n’ai cessé de prier pour vous –, Giacometti, Balthus, Desnos, ou encore Jean Paulhan – Il faut écouter sa peur, et ce n’est qu’ensuite qu’on peut se satisfaire d’avoir été courageux –, et puis la dénonciation et l’arrestation avec sa sœur Esther, car elles sont juives et libres, par des policiers français, avant l’internement et la déportation vers la mort planifiée des Juifs d’Europe. Sonia Mossé, une reine sans couronne est le roman d’une étoile qui irradie, éblouit, surprend, étonne, bouleverse ceux qui l’approchent, l’aiment, ou tout simplement l’écoutent, le roman d’une femme d’art et de conversation. Sonia Mossé aura œuvré dans la Haute Couture, et elle construira sa vie ainsi.

« – Si tu veux y rester (à Paris), ne change pas d’adresse, ne cherche pas à te cacher. En ville, dans chaque immeuble, il y a un mouchard qui attend son heure. Rue de l’Université, tu as tes habitudes, tu es connue, et a priori personne ne semble te soupçonner d’être juive puisque tu ne rases pas les murs.

– Et moi qui pensais que tu m’aiderais à devenir invisible ! ».

(dialogue avec Éluard)

Être romancier, c’est notamment avoir le bon goût des dialogues, et Gérard Guégan en possède toutes les saveurs, la force, la vivacité, la légèreté, le trouble, l’arc et la flèche dans la manière de les assembler. Ils irriguent ce roman éblouissant, attaché à l’Histoire et à ses détails, ils en sont le terreau romanesque, et entre chaque échange, on voit se dessiner les portraits de Sonia Mossé, Paul Éluard, Jean Paulhan, Théodore Fraenkel, Louis Aragon – Une vie où les ruptures ont défiguré nos rêves de jeunesse ! Une vie où nous sommes devenus les ennemis de nous-mêmes… –, et Gérard Guégan laisse aussi y infuser entre ces phrases, les craintes de la terreur qui s’annonce, de la chasse aux femmes, aux enfants et aux hommes étoilés. Gérard Guégan pratique l’art littéraire du bref, de l’éclat, il ne garde que le muscle de son intrigue, chasse le gras, ses phrases sont parfois des uppercuts, et leur enchaînement swingue et danse. Sonia Mossé, une reine sans couronne est un roman étoilé, où rayonne Sonia Mossé, une femme légère et piquante, une irrégulière touchée par la grâce, la liberté et la joie, à la fois solaire et lunaire, des braises couvent sous son regard, et ses mots s’enflamment quand elle démasque la trahison. Cette traversée, en un éclair de son siècle, ces quelques années partagées avec des artistes et des amoureuses, éblouissent ce roman bref et vif, ce roman qui a l’intensité des standards de jazz, où chaque note, chaque accord est pesé, comme on le ferait de pierres précieuses.

Philippe Chauché

(1) Fraenkel, un éclair dans la nuit :

https://www.lacauselitteraire.fr/fraenkel-un-eclair-dans-la-nuit-gerard-guegan-par-philippe-chauche


Gérard Guégan fut éditeur (Champ Libre, Sagittaire), écrivain, il lui arriva de changer de nom pour la situation romanesque et historique – Yann Cloarec, Philippe Carella, Freddie Lafargue –, d’aimer le cinéma et d’en écrire des dictionnaires, et d’éditer des romans. On lui doit notamment : Nikolaï, le bolchevik amoureux (Vagabonde), Hemingway, Hammett, dernière ; Tout a une fin, Drieu (Gallimard), Qui dira la souffrance d’Aragon ? (Stock), ou encore Les Cannibales n’ont pas de cimetières (Grasset) et Les Irrégulières suivi de Les Irréguliers (Flammarion).

L'article sur le site de La Cause Littéraire : https://www.lacauselitteraire.fr/sonia-mosse-une-reine-sans-couronne-gerard-guegan-par-philippe-chauche

 

  12/10/2022
Sonia Mossé, une reine sans couronne - Le Canard enchaîné - Mercredi 12 Octobre 2022

De Sonia Mossé, il ne reste que quelques portraits lumineux, et des photos de ce mannequin quasi nu qu'elle conçut en 1938 pour l’exposition internationale du surréalisme qui se tint alors à Paris.
...
C’est ce destin oublié qu’a choisi de nous raconter Gérard Guégan dans un très émouvant livre.

Un article de Nicolas Brimo

 

  03/10/2022
Sonia Mossé : Les clés du réel - Octobre 2022

C’est par la forme déliée de la juxtaposition des fragments que Gérard Guégan évoque le destin de Sonia Mossé. En retraçant les moments d’une existence jusqu’à son embrasement à l’intérieur d’un train de nuit lancé sur l’autre rive de l’Histoire, le romancier fait de son héroïne une pythie, libre et indocile, dont les prophéties n’appartiennent qu’à elle.

Un article de Jacques Demange

C’est peu dire que l’ouvrage (ré)veille l’esprit. Celui d’un corps privé de voix, modèle peint et photographié, mythe défait des oripeaux du symbole par un travail de recherche consciencieux auprès des témoignages laissés par celles et ceux qui l’ont connu.

La part humaine, voilà ce qui agite le projet de ce court récit. Sonia, qui préfère Laclos à Balzac fera pourtant sienne la phrase consignée dans La Fille aux yeux d’or : « Si je suis esclave, je suis reine aussi ».

La grandeur des esclaves et la petitesse des maîtres creusent la composition de ces portraits que déclinent le roman. Artaud, Éluard, Cocteau, ou bien Antonin, Paul, Jean et les autres. C’est par le regard de Mossé que ces figures s’animent. Prisme mouvant, défait de l’emprise du sexe fort, la jeune femme joue les électrons libres, le sourire aux lèvres, le sens de la répartie à la bouche.

On est loin ici d’Adriana (Marion Cotillard), la passeuse d’époques de Minuit à Paris (Woody Allen, 2011) échappée des années 1920 pour guider le spectateur dans un musée de figures de cire. Guégan raconte moins une époque que les histoires qui ont fait cette époque. Il y a dans son écriture un caractère précipité qui se confond avec la trajectoire de son personnage, emportée dans une chute irrépressible, se raccrochant à la surface d’une croyance en les rêves et la révolte.

Habilement, le roman évite la stratégie du trou dans la serrure pour lui préférer celle de l’embrasure des portes. Des monceaux de phrases s’y échappent, des silhouettes s’y devinent et c’est sous cette forme que la fiction s’affirme comme moyen d’accès à l’Histoire.

La morale veut que la fin du voyage soit passée sous silence. La personnalité de Mossé telle que la rapporte Guégan ne fait que renforcer la puissance de ce dénouement. Les épisodes, alors, se relisent à la manière de missives (Laclos, encore), s’habitent et se découvrent comme l’on pénètre dans les wagons d’un train glissant sur les rails du destin ou de ce « miracle » que peine à désigner l’héroïne.

Le lecteur, lui, se fait somnambule, prend le rythme de ce voyage qui nous rappelle que c’est dans la clarté de notre soleil contemporain que peut encore se faire sentir la respiration des spectres du passé.

Jacques DEMANGE

 

  27/09/2022
Gérard Guégan - Idéaux et débats sur radio Libertaire - Septembre 2022

On n'en finit jamais avec Gérard Guégan, ni avec Sonia Mossé. Gérard Guégan sur Radio libertaire déploie encore à l'infini ce qu'il n'a pas eu le temps d'écrire et y donne d'importantes clés de lecture. Et puis entendre cette voix qui vibre pour Sonia et pour cette époque est un moment assez magique. On ne peut jamais tout dire. Il ne faut jamais tout dire sinon où serait le plaisir de cette double rencontre avec le livre et avec l'auteur. C'est la suite qui importe. Ce qu'on va en faire de cette rencontre.

Lire, écouter et partager sans modération

Delphine Leger - A propos de l'interwiew radiophonique d’Alexandrine Halliez

 

  18/09/2022
Gérard Guégan - septembre 2022

Parution d'un très beau livre de Gérard Guégan à mi-chemin entre le roman et l'enquête au sujet de Sonia Mossé. Qui fut donc cette jeune femme morte à 27 ans en 1943 à Sobibor ? Actrice, décoratrice et dessinatrice, proche des surréalistes, immortalisée en photo et en dessin par Man Ray, elle fut aussi une amie proche d'Antonin Artaud et de Balthus, avec lequel j'aimais tant discuter. Comme d'autres "muses", de Nadja à Genica, elle avait été jusqu'alors trop peu prise en considération, au point d'apparaître comme la projection de l'imagination de poètes, et non pour ce qu'elle fut en vérité : une très belle femme, débordant de créativité, avec une oeuvre en propre, et un destin tragique. Devant le livre de Gérard Guégan, je me remets à rêver au propos de Chestov, pour lequel tout le pouvoir de la pensée était d'arriver à dire : Socrate n'est pas coupable, Socrate ne va pas mourir, Socrate est vivant. Ainsi de Sonia Mossé.

Un article de Stéphane Barsacq

 

  18/07/2022
Jusqu’où la ville - Fabienne Swiatly - Lyon Capitale - Juillet 2022

Dans son dernier ouvrage, Jusqu’où la ville, Fabienne Swiatly nous emmène en promenade, à Lyon. Non sans nous avoir d’abord expliqué, dans une courte préface, comment elle s’est retrouvée dans cette ville.

Un article de Caïn Marchenoir


Pour des raisons qui mélangent, comme pour beaucoup, nécessité professionnelle et vie amoureuse. En tout cas, elle a su parfaitement observer la cité et (d)écrire les sentiments naissant en elle selon les quartiers, longuement explorés au seul rythme qui vaille, celui de la marche.

Et ce n’est pas seulement le Lyon touristique qu’elle scrute. Mais ce qu’il y a derrière le paravent des clichés.

De l’opéra, par exemple, elle ne note pas simplement l’audace architecturale (dont Lyon a toujours manqué) mais la manière dont chaque soir sur son esplanade “de jeunes garçons dansent la saga urbaine – gestuelle resserrée qui pourtant les décolle du sol”. Elle trouve les mots justes pour évoquer aussi ces femmes qui patientent derrière le pare-soleil en attendant de mettre leur corps au service des hommes.

Et qui, “entre deux passes, échangent en langue peul des nouvelles sur leurs enfants ou les fins de mois difficiles”. Dans chacun des textes courts qui forment ce recueil, elle recrée l’image mais aussi l’humanité qui s’y niche.


https://www.lyoncapitale.fr/culture/livres-notre-selection-de-lete


 

  15/03/2022
Les Gens ne se rendent pas compte, un livre qu’on peut classer sous le signe de l’eau - Radio Libertaire - 15 mars 2022

« Les Gens ne se rendent pas compte », un livre qu’on peut classer sous le signe de l’eau. Quand on lit Judith Wiart on a l’impression en même temps d’être au bord d’une rivière, loin des villes, dans un univers plutôt agréable et d’entendre une voix qui se confond avec la voix de l’eau, sa langue est une langue aquatique, on est pris par le rythme, par la force, par la douceur, par l’irruption de l’ironie comme lorsqu’on est assis sur une rivière et qu’on voit passer le monde et ce qu’il en reste. « Les gens ne se rendent pas compte » est un tout petit chef-d’œuvre, « tout petit » non pas en qualité mais parce qu’il est mince, (il fait une centaine de pages), mais quel livre !

Gérard Guégan


Avec Maryline Desbiolles pour son très beau livre intitulé "Charbons ardents" (Seuil)
Et la chronique de Gérard Guégan qui parlera du dernier livre de Judith Wiart "Les gens ne se rendent pas compte"(Le Clos Jouve), des chansons de Paul Vecchiali (Unicité) et d'un ouvrage consacré à Chabrol (Stock)

https://www.mixcloud.com/radiolibertaire/ideaux-et-debats-du-15-mars-2022-avec-maryline-desbiolles/

 

  29/11/2021
Ralite, ils l'ont tant aimé - La Nouvelle Vie Ouvrière - Novembre 2021

Si on est très contents de la critique d'Amélie Meffre « Jack Ralite, nous l’avons tant aimé » dans la Nouvelle Vie Ouvrière, on est également très tristes d’apprendre que ce sera son ultime numéro.

Un article d'Amélie Meffre

On en profite pour saluer la mémoire d’un des fondateurs de la Vie Ouvrière en 1909, Pierre Monatte : « Sa trace est profonde, son œuvre féconde. Fondateur de deux revues d'action, de lutte, et aussi d'éducation (La Vie ouvrière en 1909, La Révolution prolétarienne en 1925), militant ardent et hardi, il consacra sa vie au syndicalisme révolutionnaire. Un militant au sens plein du terme, un minoritaire qui sut être à contre-courant, sans aigreur comme sans orgueil, qui eut toujours foi dans la capacité révolutionnaire de la classe ouvrière, pensant que celle-ci devait retrouver intelligence et caractère, s'éduquer inlassablement dans l'action, remettre en cause les dogmes les mieux établis. »



 

  22/10/2021
Jack Ralite, nous l'avons tant aimé - Liberté Hebdo - 22 Octobre 2021

Le titre évoque un grand film du réalisateur italien Ettore Scola. La seule photo nous présente Jack Ralite aux côtés de Mikis Theodorákis, Roland Leroy, Jacques Coubard et Marcello Mastroianni. Incontestablement, c’est lui qui tient le rôle principal. Jack Ralite aimait le cinéma (il fut rapporteur du budget à l’Assemblée nationale) et le théâtre où il allait régulièrement. Était-il un acteur ? La comédienne Valérie Dréville raconte que lorsque Vitez montait « Le Soulier de satin », elle devait dire : « Le monde est beau. » Au cours d’une répétition, Vitez l’arrêta et imita Jack Ralite. « Tu vois, ajouta-t-il, lui sait comment le dire et pourquoi le dire. »

Un article de Jean-Jacques Potaux

Ralite était un acteur d’un genre particulier. « L’orateur toujours attendu, pas du tout tribun l’écume aux lèvres », écrit le critique dramatique Jean-Pierre Léonardini. Jack Ralite était cependant très loin de la société du spectacle, lui qui, dans le texte qui lançait les États généraux de la culture, « la culture française se porte bien pourvu qu’on la sauve », exprimait la conviction qu’un peuple qui abandonne son imaginaire à l’affairisme se condamne à des libertés précaires. Cette initiative des États généraux, qui venait au milieu des années 80 après que Mitterrand eut confié une chaîne privée à Berlusconi et que Léotard eut privatisé TF1, était un sursaut éthique contre la marchandisation de la culture et de l’art et contre l’étatisme. C’était une force qui voulait construire en mettant à jour une responsabilité publique, sociale, nationale et internationale en matière de culture. On pourrait aussi considérer qu’il fut auteur de théâtre puisque Christian Gonon, sociétaire de la Comédie-Française, proposa en octobre 2020 une lecture de ses textes. Jack Ralite ne se faisait jamais doubler. Il écrivait seul ses discours, ses interventions, ses livres dans une langue poétique qui était très reconnaissable, avec de nombreuses citations, de Saint-John Perse, René Char ou Aragon. C’était un travailleur infatigable qui commençait ses journées très tôt et les terminait très tard. Une nuit, vers deux heures, Gustave Ansart entendit sonner le téléphone et se demandait ce qui arrivait. C’était Jack Ralite qui n’avait pas vu l’heure passer.

Un faiseux, pas seulement un diseux...

N’ayant pas de doublure, il ne se dédoublait pas. C’est bien le même homme qui fut animateur des États généraux de la culture, ministre de la Santé et du Travail. Il mena ses tâches ayant « le populaire dans la peau » comme disait Jean Vilar, faisant confiance aux travailleurs, qu’il appelait « les experts du quotidien ». Le populaire, mais pas le populisme. Yves Clot souligne qu’« il ne flattait jamais chez le travailleur et surtout leurs représentants l’esprit de révolte subalterne, celui qui refuse les obstacles du réel en attendant qu’il explose ». Jack Ralite était un poète en politique, qui combattait pour que l’écart entre le peuple et la création ne devienne pas une tragédie.

« Il avait pour arme miraculeuse l’intelligence de la mise en commun secondée par la raison poétique », écrit Jean-Pierre Léonardini. Et le sociologue Laurent Fleury : « Les États généraux de la culture... À cette seule évocation, le sourire vient sur le visage de Jack Ralite. Il s’éclaire, s’agrandit, devient radieux. Et sa voix emprunte des vibrations chaleureuses, devient rieuse. »

On lira avec une attention particulière le texte de notre regretté camarade qui préface l’édition française du livre du syndicaliste italien Bruno Trentin, Le travail et la liberté, paru aux éditions sociales, ainsi que la contribution du sociologue Yves Clot sur ce texte. « Il m’a souvent parlé de la tragédie qu’était pour lui l’identification de la politique à la conquête de la gestion d’État. Il l’avait vécue. Le destin des rapports entre gouvernants et gouvernés ne se joue pas d’abord dans la salle des machines de l’État. C’est au cœur du travail subordonné qu’il se dessine. »

Toute sa vie, Jack Ralite fut un militant communiste, qui se définissait comme « un infidèle fidèle », un homme qui ne fut jamais propriétaire, vécut en logement social, refusa le petit héritage que son père lui laissait ainsi que la Légion d’honneur. Autodidacte d’une grande intelligence, il fut aussi un homme d’action, « un faiseux, pas seulement un diseux », comme l’écrit son ami Lucien Marest et comme on le dit chez nous.

Jack Ralite, nous l’avons tant aimé, éd Le Clos Jouve, septembre 2021, 140 pages, 24 €. Pour le commander : editions-leclosjouve.org.

Jean-Jacques Potaux


Lien article : https://libertehebdo.fr/

 

  04/10/2021
Jack Ralite, une boîte à idées pour notre présent - l'Humanité - Lundi 4 Octobre 2021

Un livre événement accueille des voix multiples pour rendre hommage à l’ancien ministre, député et maire communiste d’Aubervilliers. Quatre ans après sa disparition, sa mémoire irrigue toujours les vivants.

Un article d'Olivier Barbarant

Jack Ralite est mort le 12 novembre 2017. Nous sommes nombreux à ne pas tout à fait pouvoir y croire, d’autant que Jack Ralite n’a pas disparu. Pas plus de nos mémoires que de nos cœurs, et moins encore d’un pays qui n’a pas encore pris la mesure de son œuvre de militant, d’acteur et de penseur de la chose publique.

Les Editions Le Clos Jouve ont eu la belle idée de réunir, sous le titre Jack Ralite, nous l’avons tant aimé, après une préface de Jean-Pierre Léonardini, trois textes de Jack Ralite et seize contributions de témoins, de compagnons de cordée dans l’une des nombreuses aventures qu’il n’a cessé sa vie durant de créer. Bouillonnement de pensée Gens de théâtre (Robin ¬Renucci, Bernard Faivre d’Arcier, Jean-Claude Berutti, Julie Brochen, Michel Bataillon), universitaires et professeurs (Catherine Robert, Laurent Fleury, Serge Regourd, Yves Clot, Olivier Neveux), journalistes (Charles Silvestre, Marie-José ¬Sirach), camarades de parti (Lucien Marest, Charles Fiterman) mais aussi collègue de l’Assemblée siégeant sur d’autres bancs que le sien comme l’ancien député-maire de -Versailles Étienne Pinte : tous témoignent du bouillonnement de pensées et de projets, de l’infatigable énergie pour les mettre en œuvre, mais aussi de l’attention à autrui – ce que Charles Fiterman résume en parlant d’ « un humaniste passionnant et passionné ».

Pour un être si évidemment vivant, « couché tard et levé tôt », porteur jusque dans le grand âge d’une sorte de perpétuel printemps mais dont le jaillissement parvenait toujours à fournir des fruits, il ne fallait surtout pas un monument. La variété des témoignages compose un portrait mosaïque, judicieusement ouvert, offrant un aperçu de l’énergie et de la présence d’un homme qui donnait à chaque rencontre toute sa plénitude au mot fraternité. Une place légitime est accordée à l’action culturelle. La fondation des états généraux de la culture en 1987, l’indéfectible soutien aux théâtres sont racontés, comme la lutte sans cesse recommencée pour l’exception culturelle ou pour le maintien d’un statut des intermittents du spectacle sans lequel les projets d’éducation populaire ne seraient pas soutenables. Ripostes et solutions D’Aubervilliers qu’il a dirigée en faisant de la ville un modèle de cité éclairée aux luttes contre la mainmise du commerce sur nos émotions esthétiques, les contributions montrent l’alliance de l’utopie et du concret. Quand il propose au Collège de France un partenariat avec Aubervilliers (1), Jack Ralite ne vise évidemment pas un projet cosmétique : il ne suffit pas que de grands noms viennent débiter une conférence au-delà du périphérique. Il s’agit, en amont et en aval des interventions, de mettre en activité l’ensemble des participants, d’inscrire dans la durée la puissance d’une parole savante, de faire du sens. Quand il créait les états généraux de la culture parce qu’il avait saisi combien le libéralisme engloutissait les possibilités de création et de diffusion, ce n’était pas pour imposer une feuille de route. Jack Ralite rendait possible par son dynamisme des lieux où tous pouvaient élaborer en commun ripostes et solutions.

C’est ce qui faisait le caractère exceptionnel de l’homme comme de son action. Chacune des évocations montre la parfaite adéquation entre une visée et une méthode. Pour Jack Ralite, seul vaut l’échange, et le collectif n’était pas à envisager dans les lointains horizons d’une société qui aurait (enfin) réussi à triompher des inégalités. C’est à chaque rencontre qu’il se réalise. Son action comme ministre de la Santé entre 1981 et 1983 révèle aujourd’hui sa pleine actualité. Dans sa préface à un livre de Bruno Trentin reprise dans le volume, Jack Ralite mêle ainsi théorie et pratique, mesure le concept à l’action. Il rappelle la loi sur la réorganisation de l’hôpital, dont il présenta le projet à Tulle en 1983, qui visait à donner à ceux qu’il appelait les « experts du quotidien » un vrai rôle dans la conduite administrative. La crise sanitaire a montré combien cette mesure eût été pertinente : donner aux acteurs la responsabilité, c’est remettre du sens dans les lieux du travail, mais aussi gagner en efficacité. Vision démocratique du travail, au rebours des calculs financiers et technostructurels dont on a vu pourtant récemment la sinistre gabegie…

« Renoncez au renoncement » « L’histoire garde un geyser de vie pour quiconque a l’oreille fine et écoute éperdument. Renoncez au renoncement », disait Jack Ralite dans son discours d’installation de Catherine Dan à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. À la Maison Jean Vilar, le 14 juillet 2012, quand j’eus l’honneur de partager la tribune avec Jack et Dominique Blanc, je l’entendis citer le roman la Mise à mort : « J’apprends, j’apprends à perte d’âme… » Nous aussi ne cessions avec lui d’apprendre : l’hommage au disparu qu’est ce beau livre se fait ainsi, légitimement, un terreau plutôt qu’un tombeau. Une boîte à idées pour notre présent. Un souvenir pour l’avenir.

Olivier Barbarant

(1) En lien avec Claudine Vincent, coanimatrice des lundis du Collège de France à Aubervilliers, un hommage sera rendu par Carlo Ossola, professeur au Collège de France, initiateur des lundis, le vendredi 5 novembre, de 15 heures à 17 h 30, au Collège de France, à Paris, pour la présentation du volume des allocutions de Jack Ralite.

 

  01/10/2021
Le TNP a 101 ans ! - BREF # 4 le journal du TNP - Septembre-octobre 2021

« C’est très curieux d’être jeune quand on est vieux. » Ce mot du philosophe Edgar Morin nous semble de mise pour ouvrir ce centenaire. En effet, comment célébrer une histoire dont les premiers acteurs appartiennent à une époque révolue ? Comment rendre compte des évolutions, des révolutions parfois, accomplies par une institution phare du théâtre public sans en minimiser la complexité ? Comment, enfin, s’enrichir du passé pour réinventer nos métiers et nos arts aujourd’hui et demain ? La crise sanitaire est passée par là et notre centenaire est devenu un « cent-et-unaire ».

Articles de : Michel Bataillon, Nathalie Cabrera, Jean-Pierre Léonardini, Olivier Neveux

Mais peu importe le nombre de bougies, l’essentiel est de mesurer le chemin parcouru et d’y trouver sa place, humblement, joyeusement. C’est dans cette envie que nous vous convions à deux semaines de festivités jalonnées par des rencontres, des lectures, deux expositions et quatre spectacles. Pour ce numéro spécial, Bref donne la parole à quelques-uns des nombreux invités du Centenaire. Michel Bataillon, dramaturge et collaborateur de Roger Planchon, ouvre ce journal par une chronique retraçant les métamorphoses du TNP de 1920 à aujourd’hui. Nathalie Cabrera, directrice déléguée de la Maison Jean Vilar, revient sur l’histoire de ce lieu de réinvention du patrimoine. Jean-Pierre Léonardini, journaliste et critique dramatique, livre les premières pistes d’une réflexion sur le lien unissant Jean Vilar à Antoine Vitez – hypothèse qu’il étayera lors d’une rencontre le samedi 11 septembre. Olivier Neveux, professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’ENS de Lyon, propose quant à lui de discuter la récurrence de la Révolution française dans l’histoire du théâtre populaire. Enfin, Jean Bellorini dessine les grandes pistes de son projet pour le TNP à l’occasion d’un entretien inédit. Toutes ces contributions dessinent, en amont du Centenaire, un état des lieux de la pensée du théâtre populaire aujourd’hui, des défis accomplis et de ceux qui restent à imaginer…
Bonne lecture !

Article : www.tnp-villeurbanne.com

 

  23/09/2021
Jack Ralite, un poète en politique - France Culture - Septembre 2021

Les éditions Le Clos Jouve ont publié un ensemble de témoignages sur l’héritage de Jack Ralite, infatigable défenseur de la culture. Laurent Fleury, professeur des universités, sociologue de l’art et de la culture, revient sur cette personnalité éprise des artistes et engagée au cœur de la création.

Entretien avec Marie Sorbier

" Jack Ralite est un homme de culture, infatigable spectateur qui était sans relâche au théâtre tous les soirs. C’est un ami des artistes et dans tous les domaines. Il a créé avec Gabriel Garran, le Théâtre de la Commune à Aubervilliers ; il a consacré le livre « Complicité » à Jean Vilar, fondateur du Festival d'Avignon, puis directeur du Théâtre National Populaire, et à Antoine Vitez, qui prolongeait le projet de théâtre populaire de Vilar, un théâtre élitaire pour tous. Parmi ses amis écrivains, il y a également Louis Aragon, Elsa Triolet, Julien Gracq, qu'il qualifiait d’écrivains des hauteurs. Par ailleurs, Jack Ralite a été très impliqué politiquement par sa présence et son écoute absolu tant au niveau local, national et international. D'un point de vue local, Jack Ralite était très présent et faisait ses permanences Place de la Mairie d'Aubervilliers de six heures à huit heures du matin pour recevoir les habitants d’Aubervilliers. Au niveau national en tant que Ministre de la Santé, Pierre Mauroy le qualifiait de Premier ministre de la France dans le cœur des français parce qu’il avait fait un tour de France pour interviewer les lainières de Roubaix, les ouvriers de la sidérurgie, pour essayer de comprendre la question de la santé au travail."
...

" Les Etats généraux ont modifié le paysage culturel français : une portée politique, symbolique et philosophique. Le contexte est celui des années 1980, du tournant néolibéral en Europe et dans le monde avec des figures emblématiques de l'époque telles que Margaret Thatcher, avec le fameux TINA "There is no alternative" ; mais il y a aussi la cohabitation et l'État RPR en 1986-88. De plus, en 1986-87 le ministre de la Culture et de la Communication, François Léotard, engage toute une série de réformes de l'audiovisuel avec la privatisation TF1, l'arrivée de la 5 de Berlusconi, M6. Il y a donc une insurrection, un sursaut éthique de scénaristes, de réalisateurs, de tout l'audiovisuel public par rapport aux menaces que cela va avoir comme l'introduction de la publicité qui interrompt les films. En outre, la question du coût se pose avec la spécificité et la fragilité de la création artistique.

Jack Ralite évoquait l'idée que depuis le Zénith en 1987, qui avait réuni plus de six mille artistes autour de lui, que la conviction qu'un peuple qui abandonne son imaginaire à l'affairisme se condamne à des libertés précaires. C'est un sursaut éthique contre la marchandisation de la culture et de l'art et contre l'étatisme. C'est une force qui veut construire en mettant à jour une responsabilité publique, sociale, nationale et internationale en matière de culture. " La révolte a été plurielle : il y a eu un mouvement d'artistes et de citoyens au plan international, puisqu’il y a eu après cet évènement au Zénith, des États généraux de la culture à Santiago du Chili, mais aussi à Moscou, à Prague, à Berlin, à Berlin-Est, à Bologne, à Barcelone, à Bogota, à Lausanne, à Brazzaville, à Yaoundé un rayonnement mondial.

Il existe des textes qui, par leur nature, sont une forme d'action. À travers la Déclaration des droits de la culture, cette idée qui affirmait l'audace de la création, l'obligation de production, l'élan du pluralisme, la maîtrise nationale de la distribution pour le cinéma et l'audiovisuel, et la nécessité de la coopération internationale. D'une certaine manière, les États généraux de la culture ont permis d'ouvrir une brèche, de renouer avec l'idée de la pensée politique antique qui est l'art du possible. De ce point de vue, selon Laurent Fleury, la portée des États généraux de la culture va au-delà de l'exception culturelle, de la résurgence d'une poétique révolutionnaire et républicaine ; et enfin, de montrer la possibilité créatrice. C’est ici que le politique et le poétique se rejoignent."

Marie Sorbier



Lien : https://www.franceculture.fr/

 

  20/09/2021
Fabienne Swiatly : Jusqu’où la ville - Remue.net - septembre 2021

Lyon, ville où elle ne voulait pas habiter, est peu à peu devenu le lieu de résidence de Fabienne Swiatly. Elle a vécu un temps dans un appartement situé sur les pentes de la Croix-Rousse avant de s’installer, pendant un quart de siècle, sur une péniche amarrée sur les quais du Rhône. Elle l’a quittée pour vivre non plus sur l’eau mais à proximité, au bord de la Saône.

Un article de Jacques Josse


Elle marche dans la ville depuis longtemps tout en la redécouvrant constamment. Elle la voit bouger, changer et s’adapter, pour le meilleur ou pour le pire, et note, à chaque promenade, ce qui attire son attention. Ce sont les fragments de ses récentes déambulations qu’elle assemble dans ce livre fait de courtes proses, débutant toutes par le terme « jusque ». Chaque texte, ancré dans un décor précis, est ramassé avec en son centre des personnages en mouvement qui ne sont autres que les habitants des lieux, certains d’entre eux, les plus précaires, n’étant manifestement pas les bienvenus.

« L’on voudrait de l’international mais pas celui du tiers-monde ou des sans-papiers ».

Le regard de Fabienne Swiatly se pose souvent sur des êtres que beaucoup font semblant de ne pas voir, tels ces hommes « courbés sur leur vélo, sacs à dos chargés de victuailles », devenus porteurs de repas à domicile qui en croisent d’autres en quête d’un banc où s’allonger, un lit de fortune non séparé en deux par une barre ou, un peu plus loin, d’autres encore, glaneurs, glaneuses qui, en fin de marché, récupèrent fruits et légumes destinés au camion-benne.

« Jusque sur le parvis de la cathédrale où la lumière se libère enfin des rues étroites. Les voitures cherchent à se faire une place sur l’esplanade malgré l’interdit. Au pied de l’immense porche, des jeunes aux chiens sans laisse boivent à même la bouteille d’alcool acheté dans un hard discount. Ils rejouent la scène ancestrale des misérables attendant la générosité des fidèles attirés par la croix. »

Elle n’écrit pas pour décrire le paysage mais pour détecter ce qui bouge dedans, ce qu’il dissimule parfois, ce qu’il subit aussi quand des architectes peu inspirés le balafrent dans les grandes largeurs. La ville qu’elle donne à voir est celle d’aujourd’hui, celle de l’air enfumé, des cubes de béton qui s’empilent, des valises à roulettes qui cliquettent sur les trottoirs, des hélicoptères survolant les manifs, des joggeurs contrôlant leur rythme cardiaque, des agents de sécurité en alerte, des visages cachés sous les capuches, des caméras qui observent, des trottinettes qui filent à toute allure avec à bord un passager droit comme un i porté par l’électricité ambiante. Autant de cartes postales toniques et singulières qui montrent comment le cœur d’une ville ne peut battre sans la présence, l’apport, les vibrations de tous ses habitants, aussi différents soient-ils.

Jacques Josse

Liens : https://remue.net/

 

  20/07/2021
Jusqu’où la ville, par Fabienne Swiatly - La Croix l’Hebdo - Juillet 2021

C’est une prose poétique forte et rythmée que Fabienne Swiatly a choisie, à travers son nouveau livre, pour décrire la ville de Lyon où elle habite depuis 1983. Elle a voulu capter les lieux, ceux qui les peuplent et tout ce qui fait le charme de cette cité. Y relever ces détails qui ne se remarquent plus, ces injustices qui persistent, cet art qui pousse à même la rue pour tenter de fissurer le béton du repli. « Je sais parfaitement qu’à peine le texte imprimé, la ville, organisme vivant, aura déjà changé de visage », souligne-t-elle. Alors l’écrire. Pour pouvoir, un jour prochain, et comme dans un miroir, s’y souvenir.

Un article de Stéphane Bataillon

Jusque sur le parvis de la cathédrale où la lumière se libère enfin des ruelles étroites. Les voitures cherchent à se faire une place sur l’esplanade malgré l’interdit. Au pied de l’immense porche, des jeunes aux chiens sans laisse boivent à même la bouteille l’alcool acheté dans un hard discount. Ils rejouent la scène ancestrale des misérables attendant la générosité des fidèles attirés par la croix. Dieu saura peut-être entendre leurs prières malgré le vacarme des moteurs. Sous les gargouilles aux visages de la peur, le monde semble aussi vieux que la pierre des alentours.

Jusqu’aux terrasses de café où s’invite une mise en scène des beaux jours et l’on peut s’offrir du soleil entre les immeubles. Le ciel plus proche dans l’ouverture des rues à hauteur de toits. Le vert se déplie à la pointe des arbres et fait reculer l’hiver. Paysage et promeneurs sont parcourus par le même frisson chargé de désir et de promesse. L’air chaud donne de la surface à la peau. Joie d’une ville qui s’assoit dehors dans l’éphémère plaisir du vivre ensemble. La fumée des cigarettes et des vapoteuses rejoint paisiblement l’atmosphère.

Jusqu’à la piscine dont les quatre pylônes se dressent dans l’espace aérien comme des ovnis, sans jamais rien éclairer. L’imposante griffe de béton soutient le bâtiment d’accueil à mi-chemin entre les deux bassins dont l’un reste ouvert même l’hiver. Les nageurs et nageuses avancent en ligne droite, seules les épaules et la tête dépassent, enveloppées de vapeur. Les longueurs se suivent sans surprise, il ne fait pas un temps à s’ébattre. Les gradins froids et tristes, sans corps à moitié nus pour attirer les voyeurs qui, chaque été, s’agrippent aux grilles, le regard avide. Qui se souvient encore du nom de l’architecte ?

Fabienne Swiatly



Jusqu’où la ville, Éd. Le Clos Jouve, 60 p., 19 €.



C’est une prose poétique forte et rythmée que Fabienne Swiatly a choisie, à travers son nouveau livre, pour décrire la ville de Lyon où elle habite depuis 1983. Elle a voulu capter les lieux, ceux qui les peuplent et tout ce qui fait le charme de cette cité. Y relever ces détails qui ne se remarquent plus, ces injustices qui persistent, cet art qui pousse à même la rue pour tenter de fissurer le béton du repli. « Je sais parfaitement qu’à peine le texte imprimé, la ville, organisme vivant, aura déjà changé de visage », souligne-t-elle. Alors l’écrire. Pour pouvoir, un jour prochain, et comme dans un miroir, s’y souvenir.

Stéphane Bataillon (@sbataillon)

https://poesie.blogs.la-croix.com/

 

  30/06/2021
Les Éditions Le Clos Jouve et la Boucherie Littéraire - Le M(â)chon(s) - Juin 2021

Nous sommes meilleurs rediffusés... un peu comme ces plats meilleurs réchauffés.

Retrouvez les invités de l'émission de Pauline Catherinot : Le Clos Jouve et la Boucherie Littéraire
 

  19/06/2021
Mauro Bolognini, une histoire italienne, Michel Sportisse – La Cause Littéraire – Juin 2021

Il parvient à concilier les exigences en apparence contradictoires : celles d’une esthétique patiemment mûrie et celles de la liberté, de l’imprévu, de la miraculeuse naissance.

Michel Sportisse


Mauro Bolognini, une histoire italienne est un livre de cinéma, le livre d’un critique inspiré, comme le fut en son temps André Bazin (1) – le meilleur écrivain de cinéma : François Truffaut – ou Gérard Legrand (2). Le critique inspiré possède trois grandes qualités : la description précise des films, leur fine analyse, et la plus parfaite connaissance des cinéastes.

Un article de Philippe Chauché


« Quand je sais que tout est en place, alors je me sens libre. Je ne recherche jamais les belles images, les beaux cadrages » (Mauro Bolognini).

« Il y a chez lui une démarche proustienne de reconstruction du passé dans un mélange de mémoire individuelle et de mémoire sociale, mais cette façon de revisiter le XIXe siècle et le XXe siècle n’est jamais une fin en soi, c’est une approche indirecte qui renvoie toujours à une méditation contemporaine » (Jean A. Gili).

Mauro Bolognini, une histoire italienne est un livre de cinéma, le livre d’un critique inspiré, comme le fut en son temps André Bazin (1) – le meilleur écrivain » de cinéma : François Truffaut – ou Gérard Legrand (2). Le critique inspiré possède trois grandes qualités : la description précise des films, leur fine analyse, et la plus parfaite connaissance des cinéastes.

Michel Sportisse connaît parfaitement le cinéma de Mauro Bolognini, son esthétique, ses choix, et ses scénaristes. Il a vu et revu ses films, et il nous fait partager son savoir, et son regard sur cette aventure cinématographique de 1953 à 1991, comme il nous invite à découvrir et à comprendre l’Italie du metteur en scène. Les grands cinéastes s’approprient leur nation, leur caméra dévoile ce qui se voilait, se glisse entre terre et rues, fait entendre des langues, fait éclore des visages, fait surgir des odeurs, ce qu’a mis en lumière le néoréalisme. Bolognini prend un autre chemin, c’est un styliste attentif à la mise en scène, au monde qui l’entoure, mais aussi à l’Histoire italienne tumultueuse : le fascisme, Mussolini, la Résistance, la profonde transformation de la société italienne, les grèves, la paysannerie, des prostituées, mais sous l’heureuse emprise du cinématographe, où un travelling, où un gros plan, un éclairage, un décor donnent de l’épaisseur à l’histoire qui est en train d’être racontée.

La suite de l'article :
http://www.lacauselitteraire.fr/mauro-bolognini-une-histoire-italienne-michel-sportisse-par-philippe-chauche

 

  19/06/2021
Rencontre épistolaire avec Philippe Bouvier et Frédérick Houdaer des éditions lyonnaises Le Clos Jouve - La Cause Littéraire – Juin 2021

Philippe Chauché : Enfin quels sont vos projets littéraires pour demain ?

Frédérick Houdaer : Un recueil de Fabienne Swiatly, autrice confirmée (publiée à La Fosse aux Ours et chez Bruno Doucey). Toujours dans la Collection Bistra, un long récit très personnel signé Pierre Gandonnière faisant revivre le Lyon underground des années 80 (cabarets, lieux alternatifs, vie nocturne, etc.).

Philippe Bouvier : Deux autres livres sont prévus. Un hommage et plus qu’un hommage à Jack Ralite, prévu dans les prochaines semaines. Trois textes de Jack Ralite autour des questions de la culture évidemment, mais également autour de la thématique Travail et Santé au travail qui lui tenait particulièrement à cœur. De multiples amis nous ont confié « leur Ralite » à travers des témoignages.

Un entretien de Philippe Chauché

Ph. Chauché, LCL : Enfin quels sont vos projets littéraires pour demain ?

Frédérick Houdaer : Un recueil de Fabienne Swiatly, autrice confirmée (publiée à La Fosse aux Ours et chez Bruno Doucey). Toujours dans la Collection Bistra, un long récit très personnel signé Pierre Gandonnière faisant revivre le Lyon underground des années 80 (cabarets, lieux alternatifs, vie nocturne, etc.)

Philippe Bouvier : Deux autres livres sont prévus. Un hommage et plus qu’un hommage à Jack Ralite, prévu dans les prochaines semaines. Trois textes de Jack Ralite autour des questions de la culture évidemment, mais également autour de la thématique Travail et Santé au travail qui lui tenait particulièrement à cœur. De multiples amis nous ont confié « leur Ralite » à travers des témoignages, en voici quelques extraits :

« Orateur toujours attendu, pas du tout tribun l’écume aux lèvres, il a pour arme miraculeuse l’intelligence de la mise en commun secondée par la raison poétique. René Char et Saint-John Perse, avec lui, mènent le même combat. Nul esprit de secte dans le discours. Jack a forgé sa propre langue dans le lexique politique. Les artistes, des plus connus aux plus humbles, lui rendent l’amour qu’il leur porte » (JP Léonardini).
« Toujours pugnace et créatif, Jack explorait ces nouveaux champs avec son intelligence sensible et son expérience. Son bureau était envahi de notes, de livres, d’articles. Sa conversation était stimulante. C’étaient les nouveaux défis de l’éducation populaire. Le pessimisme ambiant ne l’avait pas atteint. Plein d’ardeur il se plaisait à citer Pierre Boulez, il avait raison et cela résume tout : L’histoire n’est pas ce que l’on subit mais ce que l’on agit » (Robin Renucci).

« Jack Ralite ne gardait rien pour lui, ni les livres, qu’il offrait, ni l’amour du théâtre, où il nous a souvent accompagnés, ni la fréquentation des savants, auxquels il a présenté les enfants d’Aubervilliers. Les combats de Jack Ralite sont loin d’être terminés. Pour éviter les « retards d’avenir », dont il dénonçait le risque, il faut lui rendre hommage en tirant les leçons de ce qui est déjà fait afin d’améliorer l’avenir en considérant ce qui reste encore à faire » (Catherine Robert).

« Le festival a beaucoup bénéficié de sa présence car il fut enfin un excellent pédagogue ; passez une heure avec lui et vous avez l’impression d’avoir conversé avec Victor Hugo, Jean Jaurès, Aragon ou René Char… La seule chose dont il avait besoin c’était une bouteille d’eau et une pile de livres » (Bernard Faivre d’Arcier).
« Quel que soit le lieu, une réunion de cellule ou la tribune des Etats Généraux, écouter Ralite, c’était devenir un peu plus intelligent » (Marie José Sirach).

« Les Etats Généraux de la Culture : à cette seule évocation, le sourire naît sur le visage de Jack Ralite. Il s’éclaire, s’agrandit, devient radieux. Et sa voix, empreinte de vibrations chaleureuses, devient rieuse » (Laurent Fleury).

« J’aime partager des causes humanistes avec toi. Cela offre des beaux et profonds souvenirs », m’écrivait Jack dans son dernier message. Nous avons cessé de nous écrire, mais ce n’est pas le silence » (Etienne Pinte).

« Qui donc saurait encore dire la vie quotidienne de Ralite de la mi-juillet à la mi-août 1968, dans les rues, les places, les cours, les lieux de spectacle d’Avignon ? Décrire son courage physique, épaule à épaule aux côtés de Jean Vilar. Dialoguant sans cesse et ne cédant sur rien » (Michel Bataillon).

« Il ne s’agit pas, dès lors, de copier Ralite mais de tenter d’être, dans une conjoncture différente, à son tour, à sa mesure, une exception au tout-venant des paresses, des démissions et des accommodements avec la domination » (Olivier Neveux).

Un nouvel essai de Michel Sportisse, Yannick Bellon, toute une tribu d’images, en voici la présentation :
Yannick Bellon avait de qui tenir. Elle était la fille d’une photographe dont l’originalité, l’audace et la volonté d’indépendance furent les traits les plus marquants. « Ce qui caractérise l’œuvre de Denise Bellon-Hulmann, quels que soient les secteurs de la réalité qu’elle ait visités, c’est la liberté d’une attitude envers les êtres et les choses », ainsi s’exprime Éric Le Roy (1). Dès ses débuts, d’abord comme monteuse puis comme réalisatrice, Yannick manifestera de son côté une forme de continuité ou, plus exactement, l’obstination têtue de dévoiler autrement ce que les instantanés maternels pouvaient traduire.

En leur temps, Yannick comme Denise évoluaient dans un univers essentiellement masculin. Être une femme n’était pas chose aisée. En dépit de tout, elles n’observèrent aucune forme d’autocensure. Elles exprimeront, à travers leur art, un engagement vibrant et sincère. Discrètes et patientes, elles ne désarmèrent point cependant. Chez l’une comme chez l’autre, la fureur, l’injustice et le désespoir d’un monde ne seraient point tues. Il n’y aurait-là nul pessimisme à conforter, une fenêtre pourrait et devrait s’ouvrir vers un horizon d’espoir. Yannick perpétuera cette prédisposition à l’optimisme qui marquait la vision de Denise. On a le reflet, chez l’une comme chez l’autre, d’une nature foncièrement combattive.

Il est difficile de séparer mère et filles. L’une explique sûrement les autres. C’est qu’en réalité, il y eut une vraie famille : la mère et ses deux filles, la comédienne Loleh Bellon et la cinéaste Yannick Bellon. Tôt divorcée, Denise ne sera pas une mère comme les autres. Il est peu commun de décrire une telle fusion, providentielle à vrai dire. Un enthousiasme, une curiosité et une complicité qui vous jettent au cœur de la vie, et, tout du long, une existence constituée de rencontres, d’échanges, d’expériences communes et de révélations ineffaçables.
Aussi, consacrerons-nous quelques détours à ces figures qui marqueront la destinée de Yannick Bellon. Outre Denise et Loleh, citons, parmi elles, le « touche-à-tout de génie », Jacques Brunius ; le réalisateur Jean Rouch, premier amour de Yannick ; l’époux tragique ; Henry Magnan, immortalisé à l’écran par le film-poème, Quelque part quelqu’un, première fiction de la réalisatrice.

Un entretien de Philippe Chauché

L'entretien entier : http://www.lacauselitteraire.fr/entretien-philippe...

(1) Éric Le Roy, Denise Bellon, La Martinière, 2004.

Titres déjà parus aux Editions Le Clos Jouve :
Collection Bistra : J’essaie de tuer personne (Sammy Sapin), Le jour où la dernière Clodette est morte (Judith Wiart), Face contre terre (Gilles Farcet), Toutes mes pensées ne sont pas des flèches (Jindra Kratochvil).

Collection Sprezzatura : Mauro Bolognini, une histoire italienne, et La Rome d’Ettore Scola (Michel Sportisse).

Collection Champ Libre : Profils perdus d’Antoine Vitez (Jean-Pierre Léonardini).

http://www.editions-leclosjouve.org/all_page.asp?lg=fr...
https://www.instagram.com/leclosjouveeditions/?hl=fr
https://www.facebook.com/leclosjouveeditions/

 

  01/05/2021
Mauro Bolognini, des histoires italiennes - Revus et Corrigés - Mai 2021

Après La Rome d’Ettore Scola, Michel Sportisse se penche sur cette filmographie et lui redonne la place qu’il convient de lui accorder, aux côtés des plus grands, Fellini, Visconti, Pasolini ou Antonioni.

Un article de Sylvain Lefort

" Le lecteur, qu’il soit cinéphile ou non, sera stupéfait par l’aréopage d’acteurs qui ont transité par le cinéma de Bolognini – Marcello Mastroianni, Jean-Paul Belmondo, Jacques Perrin, Anthony Quinn, Fabio Testi, Max von Sydow – mais surtout par son univers d’actrices, quelle que soit la pluralité de leurs origines et de leurs tempéraments : Claudia Cardinale, Ottavia Piccolo, Gina Lollobrigida, Sophia Loren, Catherine Deneuve, Shelley Winters, Isabelle Huppert, Marthe Keller, Liv Ullmann, Stefania Sandrelli, Dominique Sanda, Ingrid Thulin… Il permet à deux de ses comédiennes – Ottavia Piccolo en 1970 et Dominique Sanda en 1976 – de remporter un prix d’interprétation à Cannes."
...
" Cet ouvrage dense, précis, documenté, préfacé par l’un des plus éminents connaisseurs du cinéma italien en France Jean A. Gili, comporte une filmographie complète du cinéaste, ainsi que des notes de bas de pages extrêmement bien sourcées. Soulignons également sa qualité en matière d’impression et de graphie, due à une toute jeune maison d’édition lyonnaise, Le Clos Jouve, créée fin 2019."

Sylvain Lefort - Revus et Corrigés

https://revusetcorriges.com/2021/05/12/mauro-bolognini-des-histoires-italiennes/?fbclid=IwAR2_QxrqUkMK8BRlBJlBilPNWKRtql0yN6ZC8-FhLgBpEp7WuzkxoKpgbkA

 

  02/04/2021
Mauro Bolognini, une histoire italienne - La Rome d'Ettore Scola – Positif 722 – Avril 2021

Deux jolis ouvrages sur le cinéma italien, préfacés par Jean Antoine Gili, ce qui est déjà une garantie de qualité et de fiabilité. Les auteurs et chercheurs sur le cinéma italien se raréfient chez nous ; c'est pourquoi il est particulièrement agréable d'accueillir en Michel Sportisse un spécialiste enthousiaste et bien informé.

Dans les deux ouvrages, l'intuition, l'ébauche de l'idée sont choisies plutôt que le traçage méticuleux. Il en résulte une approche monographique nerveuse, stimulante, qui donne lieu chez le lecteur cinéphile à une réflexion et à un désir de revoir les films.

Un article de Christian Viviani
 

  01/04/2021
Michel Sportisse, Mauro Bolognini, une histoire italienne - Jeune Cinéma 406-407 - Printemps 2021

Alors que les grands réalisateurs italiens, Fellini, Visconti, De Sica, étaient identifiables par leur griffe, Bolognini échappait à la grille de lecture : était-ce le même cinéaste qui transfigurait la Rome nocturne, recréait l’étouffoir d’une société sicilienne à la sexualité archaïque « II bell’Antonio/ Le Bel Antonio » (1960), ou offrait un portrait exaltant d’une femme libre au XVIIIe siècle « Mademoiselle de Maupin » (1966) ? Qui, classé comme « esthète », se mêlait, avec « Metello » (1970) de retracer les luttes des ouvriers du bâtiments dans la Florence de 1900 ? De cette difficulté à être commodément répertorié résultait une évidence - passer si aisément d’un genre à l’autre, mélodrame, film social, drame politique ou mondain, n’est pas signe d’un auteur.

La preuve : aucune monographie ne lui avait été encore consacrée et l’ouvrage de Michel Sportisse est le premier livre à ouvrir la brèche. Le livre est court, publié dans la même collection que sa précédente étude sur Ettore Scola et l’auteur en précise d’entrée la modestie et « les limites éditoriales fixées ». Peut-être modeste par sa taille, 150 pages de texte, mais pas par son acuité et la finesse de son approche.

Un article de Lucien Logette

« L’hommage de la cinémathèque aura-t-il apporté à Bolognini une remise en perspective correspondant à sa véritable dimension. On aimerait en être certain. On attend des éditions en DVD de films encore peu accessibles ou inconnus … En attendant, les amateurs trouveront leur compte dans ce livre et les néophytes une excellente introduction au voyage. »



Lire l'article de Lucien Logette

 

  31/03/2021
Mauro Bolognini, une histoire italienne, de Michel Sportisse - L’avant-scène cinéma 680/681 - Février/Mars 2021

La carrière inégale, c’est-à-dire faite de films magnifiques et de quelques échecs évidents, de Bolognini, méritait donc cette première longue et minutieuse analyse menée par Michel Sportisse pour l’entreprenant éditeur lyonnais Le Clos Jouve. Il y étudie historiquement et esthétiquement les films de Bolognini, fait justice du jugement réducteur qui en ferait un sous-Visconti. L’accusation de formalisme touchait aussi le Milanais et Sportisse écrit justement qu’ils étaient tous deux chacun à leur façon, des chercheurs du temps perdu.

Un article de René Marx

Dans sa préface au beau livre de Michel Sportisse, Jean Gili rappelle à quel point Mauro Bolognini était blessé par l’étiquette de "formaliste" qui semblait limiter la valeur de son cinéma. Né comme son ami Pasolini en 1922, ce Toscan de Pistoia, architecte diplômé, débuta au cinéma dans les années 50. De ces premières oeuvres, on peut retenir Arrangiatevi, en 1959, avec Totò et Peppino De Filippo. À partir d’un sujet scabreux, la fermeture des maisons closes, c’est déjà une comédie délicate, intelligente, sans faute de goût. La collaboration avec Pasolini, pas encore cinéaste mais déjà scénariste, donne cinq films importants, dont Les garçons ou Le bel Antonio restent les plus connus. Mais Ça s’est passé à Rome (1960), d’après Moravia, doit être aujourd’hui absolument redécouvert. La Viaccia, en 1961, avec Cardinale et Belmondo, montre qu’il fut possible d’être un cinéaste féministe dans un univers cinématographique dont ce n’était sans doute pas la première qualité. Bubu de Montparnasse (1971), interprété par une Ottavia Piccolo lumineuse ou L’héritage (1976), où brille Anthony Quinn en grand acteur italien sont de très beaux films que les cinéphiles français négligent souvent. L’étrange Black Journal (1977) vient d’être réédité en DVD par Rimini éditions et réunit Shelley Winters, Max von Sydow et Laura Antonelli. La carrière inégale, c’est-à-dire faite de films magnifiques et de quelques échecs évidents, de Bolognini, méritait donc cette première longue et minutieuse analyse menée par Michel Sportisse pour l’entreprenant éditeur lyonnais Le Clos Jouve. Il y étudie historiquement et esthétiquement les films de Bolognini, fait justice du jugement réducteur qui en ferait un sous-Visconti. L’accusation de formalisme touchait aussi le Milanais et Sportisse écrit justement qu’ils étaient tous deux "chacun à leur façon, des chercheurs du temps perdu". Il fait l’éloge d’un regard unique dans le cinéma italien, remarquant que nul n’a filmé Rome comme l’auteur de L’héritage. Malgré le soin et la précision dans l’écriture de ces quelques 150 pages, Sportisse en annonce lui-même les limites : "Le couronnement adviendra plus tard. D’autres considérations se publieront : plus entêtantes, plus tenaces et plus détaillées, elles iront fouiller les secrets d’une œuvre...". On souhaite vivement que ces "autres considérations" à venir soient signées du même auteur. Mais cette première étape est déjà une réussite.
Mauro Bolognini, une histoire italienne, de Michel Sportisse, éd. Le clos Jouve, 152 pages.




 

  19/03/2021
Sammy Sapin - Fête du Livre de Bron - Sylvain Fourel de la librairie La Voie Aux Chapitres - Mars 2021

Quand Sylvain Fourel de la librairie La Voie Aux Chapitres nous parle de son coup de coeur pour « J'essaie de tuer personne » de Sammy Sapin aux éditions Le Clos Jouve lors de la Fête du Livre de Bron (ça commence à 2,25 mn).

Une émission radio en direct de notre studio, avec Michel Abescat journaliste à Télérama, Christine Ferniot critique littéraire à Télérama, Alain Bélier de la librairie Lucioles, Sarah Gastel de la librairie Terre des Livres, Sylvain Fourel de la librairie La Voie aux Chapitres.

https://www.fetedulivredebron.com/programme/lemission-a-langle-des-rues-paralleles-2/

 

  03/02/2021
Michel Sportisse - Mauro Bolognini, une histoire italienne - Culturopoing.com - Février 2021

Michel Sportisse procède avec une minutie qui force le respect. Il décrit très précisément les œuvres littéraires qu’adapte Bolognini, les resitue dans leur époque et analyse avec acuité les procédés cinématographiques employés par le cinéaste pour réussir ses transpositions à l’écran. L’auteur ne perd jamais de vue cette question de l’esthétique et remet brillamment en question les préjugés qui perdurent à l’endroit de l’œuvre de Bolognini, montrant que ce goût pour l’Histoire, la littérature et le décorum s’inscrit logiquement dans une volonté de revenir sur le passé pour éclairer le présent.

Si la fin de carrière du metteur en scène paraît moins brillante (l’auteur souligne qu’en découvrant « La Vénitienne », on « pourra reprocher à Bolognini des travers maniéristes »), elle ne doit pas faire oublier une œuvre qu’on a très envie de redécouvrir après la lecture de ce pénétrant essai. Michel Sportisse a parfaitement atteint son objectif : réhabiliter le cinéma de Bolognini et lui redonner sa place au sein d’une histoire du cinéma italien dont on n’a pas fini de (re)découvrir la richesse…

Un article de Vincent Roussel

 

  08/01/2021
Un livre de Michel Sportisse : voyage en Italie - Expressions - Janvier 2021

Après « La Rome d’Ettore Scola », un livre paru l’an dernier au Clos Jouve, le Vénissian Michel Sportisse récidive chez le même éditeur avec Mauro Bolognini, une histoire italienne, premier ouvrage édité en français sur le cinéaste.

Les connaisseurs le savent, on peut accorder toute sa confiance au critique Jean Antoine Gili lorsqu’il s’agit du cinéma italien. Et Jean Antoine Gili écrit, dans sa préface à Mauro Bolognini, une histoire italienne que vient de publier le Vénissian Michel Sportisse aux éditions Le Clos Jouve : « Mauro Bolognini ne jouit pas — aussi bien en Italie qu’en France — de la réputation qu’il devrait avoir. Le livre de Michel Sportisse arrive à point nommé pour mettre en relief la carrière d’un cinéaste d’exception. »

Un article de Jean-Charles Lemeunier



Lien de l’article et texte intégral ci-dessous :

https://www.expressions-venissieux.fr/

 

  11/09/2020
Le ravissement de Judith W. - Liberté Hebdo - Septembre 2020

« Le Jour où la dernière Clodette est morte » est finalement, et c’est le plus important, un livre dont on sait, avant même qu’on l’ait terminé, qu’on le relira, qu’on ira y pêcher un fragment de temps à autre, celui-ci par exemple qui rend compte parfaitement de cette manière de stase temporelle que connaissent les profs ou ceux qui l’ont été en songeant à leurs anciens élèves qu'ils ne voient plus : « Je pensais jusqu'à aujourd'hui que mes anciens élèves restaient à vie dans une espèce d'état immuable d'adolescence. Une nature d'élève permanente, en quelque sorte. En fait, non. Ils travaillent, voyagent, vivent en Bulgarie, repartent pour le Cambodge et font leur course au Super-U Croix Rousse où ils ont trente-huit ans. »

Un article de Jérôme Leroy

Lien de l’article et texte intégral ci-dessous

https://libertehebdo.fr/arts-et-culture/litterature/article/le-ravissement-de-judith-w



Le ravissement de Judith W.

Dans Le Jour où la dernière Clodette est morte, des textes brefs et sensibles de Judith Wiart composent une autobiographie dont le réalisme est la forme la plus accomplie de la poésie.

Le Jour où la dernière Clodette est morte de Judith Wiart est un livre court mais dont l’effet se fait sentir longtemps. Il est tranquillement inclassable puisqu’il ne s’agit pas d’un roman, ni d’un recueil de nouvelles, ni d’un recueil de poèmes même si certains textes sont scandés et que la prose se rythme parfois en manière de versets.

Apparemment, ce livre parle de Judith Wiart. Judith Wiart enfant, Judith Wiart adolescente, Judith Wiart professeure de lycée professionnel qui fait écrire de la poésie, et de la bonne, à une classe de futurs maçons. Le Jour où la dernière Clodette est morte n’est donc pas non plus une autofiction. Une autofiction pratique le mentir-vrai et ce n’est pas le genre de Judith Wiart.

Les cigarettes en chocolat Jacquot

Paradoxalement, en refusant l’autofiction, elle est beaucoup moins impudique et beaucoup plus modeste. Sa vie n’est pas un roman, c’est une vie, et cette vie parlera beaucoup à ceux qui errent dans les parages de la cinquantaine. Une époque où l’on recevait des talkies-walkies à Noël, où on racontait ses peines de cœur dans des magnétophones à cassettes, où l’on achetait à l’épicerie du coin des cigarettes en chocolat Jacquot, parce que dans ces années-là, les grands fumaient tout le temps. Ils fumaient même dans les salles de cinéma en regardant des films de Claude Sautet où les acteurs fumaient aussi.

Du coup, on ne se voyait plus, on avait les yeux qui piquaient. On faisait semblant de ne pas comprendre que c’était des larmes, celles qu’on n’avait pas forcément eues au moment où l’on avait vu reposer le corps d’un père aimé.

L’art difficile du naturel

S’agit-il d’une autobiographie, alors ? Sans doute, mais elle n’est pas composée, ordonnée chronologiquement. C’est volontaire. Judith Wiart veut écrire comme on se souvient dans la réalité. C’est-à-dire dans le désordre, au hasard d’un voyage en métro, d’une soirée, d’une silhouette d’élève entrevue dans la cour. Car son métier de prof, Judith Wiart l’exerce avec un bonheur évident, sans naïveté sur le système scolaire mais sans aigreur. C’est ce qui rend son écriture si nette, si naturelle, comme on parlait du naturel dans les films de Pascal Thomas.

C’est le contraire, aussi, d’une confession. Ou alors, à la manière du titre de Neruda, « J’avoue que j’ai vécu. » Le Jour où la dernière Clodette est morte est finalement, et c’est le plus important, un livre dont on sait, avant même qu’on l’ait terminé, qu’on le relira, qu’on ira y pêcher un fragment de temps à autre, celui-ci par exemple qui rend compte parfaitement de cette manière de stase temporelle que connaissent les profs ou ceux qui l’ont été en songeant à leurs anciens élèves qu'ils ne voient plus: "Je pensais jusqu'à aujourd'hui que mes anciens élèves restaient à vie dans une espèce d'état immuable d'adolescence. Une nature d'élève permanente, en quelque sorte. En fait, non. Ils travaillent, voyagent, vivent en Bulgarie, repartent pour le Cambodge et font leur course au Super-U Croix Rousse où ils ont trente-huit ans."

Jérôme Leroy - Cornélius Rouge


 

  13/07/2020
Il y a trente ans disparaissait Antoine Vitez - l’Humanité - Juillet 2020

L'annonce de sa mort, le 30 avril 1990, à l'âge de 59 ans, a plongé le monde de la culture dans l’abattement. Vitez fut un metteur en scène d'exception, un professeur admiré, un grand directeur de théâtre. Il avait l'étoffe des plus grands.

…………………

Les éditions Le Clos Jouve ont réédité, il y a quelques mois, un livre écrit à chaud après la disparition de Vitez, une longue épitaphe qui redonne chair et vie à cette épopée Vitez. Il se lit d’une traite, aborde l’homme de théâtre et l’homme politique sans détour, témoigne d’une connaissance réelle et d’une admiration sans bornes pour Vitez. C’est celui de Jean-Pierre Léonardini, « Profils perdus d’Antoine Vitez », qui se pose en passeur de mémoire et de réflexion.

Un article de Marie-José Sirach
 

  10/07/2020
Poésie soignante - Lyon capitale - Juillet 2020

Dans ce qui est mais n’est pas tout à fait un recueil de poésie au sens classique du terme, l’auteur, infirmier de profession, nous raconte son expérience de soignant depuis l’obtention de son diplôme jusque dans les gestes du quotidien les plus intimes et périlleux, les rencontres souvent touchantes parfois saugrenues que la maladie met sur sa route. Dans un style très dépouillé qui, à la manière du soignant, se met en quête du geste parfait car il ne peut en être autrement, avec autant d’humour que de gravité, Sammy Sapin met ainsi en lumière la passion qui anime ces praticiens, leur solitude aussi, leurs difficultés matérielles et psychologiques. Autant de choses qui résonnent drôlement dans le contexte actuel d’un système hospitalier exsangue et sorti (si tant est que ce soit le cas) sur les genoux de la crise du coronavirus. Une réalité terrible que l’auteur, en soixante-douze fragments comme autant de tranches de vie ou de réflexions, parvient à rendre éminemment poétique.

Un article de K. M.
 

  04/07/2020
Festival d'Avignon : souvenirs de la cour d'honneur - Le masque et la plume - France inter - Juillet 2020

Armelle Héliot : un livre, « Profils perdus d'Antoine Vitez », de Jean-Pierre Léonardini, éditions Le Clos Jouve (49' 30").
 

  30/06/2020
Trente ans après - Profils perdus d’Antoine Vitez - Revue Faites entrer l’infini - juin 2020

Dans les dernières lignes de son dernier roman, « Encre sympathique » Patrick Modiano écrit : « On n’oublie jamais les passagers de ces cars d’été et d’hiver que l’on prenait en d’autres temps. Et si l’on croyait les avoir oubliés, il suffisait de se retrouver un jour avec eux, côte à côte, et d'observer leur visage de profil, pour se les rappeler. » Dans le dénuement lumineux du dénouement, ces deux phrases jouent un rôle décisif ; elles ont, aussi, rencontré la reparution, réparation bien venue trente ans plus tard, de « Profils perdus d’Antoine Vitez ».

L’ouvrage modeste en volume, avait paru aux éditions Messidor, dans la collection Libres propos.

Cette liberté de propos, et de ton, on ne peut s’étonner de la trouver, trente ans plus tard, dans un état de fraîcheur que seul peut expliquer l’immense tenue d’Antoine Vitez et la grande acuité du regard, bienveillant et sans concession, que porte sur lui Jean-Pierre Léonardini.



Puisque la lecture-relecture de « Profils perdu d’Antoine Vitez » nous est cette année proposée, jetons-nous dans le vif. Au cœur de ces vies d’une intense richesse, l’art théâtral est trop éphémère pour que nous puissions le laisser filer quand un instant il est arrêté dans la grâce de l’écriture.

Un article de Vincent Taconet
 

  29/06/2020
Judith Wiart, une délicieuse petite musique … - Lyon Capitale - Juin 2020

A la lisière entre chroniques et poésie, l'écriture fine et précise de Judith Wiart fait danser l'esprit du lecteur. De joie.

Un article de CM
 

  24/06/2020
Judith Wiart : on achève bien les clodettes - Le petit bulletin - 24 juin 2020

Avec « Le Jour où la dernière clodette est morte », paru aux toutes fraîches éditions Le Clos Jouve, la Lyonnaise Judith Wiart livre un court roman fragmentaire qui fait jaillir les souvenirs et les anecdotes existentielles comme autant d'éclats de vie plantés dans un présent à fleur de peau.

Un article de Stéphane Duchêne
 

  24/06/2020
Éditions Le Clos Jouve : « créer sa propre chaîne du livre » - Le petit bulletin - 24 juin 2020

Fringants cinquantenaires dont les vies au croisement du militantisme, de la littérature et de la cinéphilie n'ont pas réussi à émousser les envies et les utopies, Frédérick Houdaer et Philippe Bouvier ont fondé il y a plusieurs mois à la Croix-Rousse une petite maison d'édition farouchement indépendante, Le Clos Jouve, qui fait déjà beaucoup parler. Et vient d'éditer deux textes, bijoux de concision à la résonnance politique qui n'ont pas tardé à rencontrer le succès, « Le Jour où la dernière clodette » est morte signé Judith Wiart et « J'essaie de tuer personne de Sammy Sapin ». Rencontre avec deux personnages.

Un article de Stéphane Duchêne
 

  24/06/2020
Sammy Sapin : silence, hôpital - Le petit bulletin - 24 juin 2020

Ce qui frappe d'emblée c'est la forme, à l'os, de l'écriture, cette "poésie documentaire". Qui nous rappelle que la poésie peut (encore) prendre aux tripes et vous les retourner. Et que les muses peuvent porter des blouses ou des sondes urinaires.

Un article de Stéphane Duchêne
 

  13/06/2020
Tout disparaîtra - L’université syndicaliste - Le magazine du SNES - 13 Juin 2020

... Très beau premier livre dans lequel l'autrice sauve de la disparition des fragments d'images vues, de mots, de voix et chansons entendues, de moments vécus. Le « je t'aime » d'un cousin malade, la tête baissée d'une mère d'élève dans le bureau de la CPE, le défilé des prétendants sur l'écran Tinder d'une voisine de bus ... La vie extérieure, singulière et poétique.

Un article de Cécile Exbrayat
 

  09/06/2020
J’essaye de tuer personne de Sammy Sapin - Radio Libertaire - Juin 2020

Radio Libertaire ayant momentanément fermé ses studios pour cause de pandémie, l'émission d'Alexandrine Halliez, « Idéaux et Débats », au cours de laquelle je dis grand bien de « J'essaie de tuer personne » de Sammy Sapin aux éditions Le Clos Jouve (à partir de 1h08), du « Cafard » d'Ian McEwan aux éditions Gallimard et du « Journal 1954-1960 » de Jacques Lemarchand aux éditions Claire Paulhan.

Une chronique de Gérard Guégan
 

  04/06/2020
Rendre les arts : La production littéraire - Sammy Sapin - Radio Nova - Juin 2020

Les acteurs du monde de la culture, tant ceux qui la font que ceux qui la vendent, ont tous été durement impactés par la fermeture généralisée des établissements publics pendant le confinement. Maintenant que l'on peut de nouveau sortir de chez soi. Ils continuent malheureusement de vivre des temps difficiles, soit parce qu'ils doivent se confronter à la difficile gestion des contraintes sanitaires, soit parce qu'ils ne peuvent toujours pas exercer leur profession. Nova leur donne donc la parole, avec une série d'interviews dans « Comment te dire ? » réservée aux défenseurs de la culture à Lyon.

Dixième volet de cet état des lieux culturel avec Claude Amauger, co-créateur des éditions Tanibis, spécialisées dans la bande dessinée alternative, et Sammy Sapin, auteur de « J'essaie de tuer personne », sorti trois jours avant le début du confinement aux éditions Le Clos Jouve. Après être chacun revenu sur la façon dont ils géré le confinement, Sammy discute du contenu de son livre, particulièrement d'actualité étant donné qu'il raconte en 72 poèmes le quotidien de ses débuts en tant qu'infirmer, et Claude des sorties à venir sur Tanibis.

Une émission de Lucile Lhermitte
 

  02/06/2020
Le Jour où la dernière clodette est morte par Judith Wiart - Le Progrès - Juin 2020

Notations brèves issues du blog de l’autrice, poèmes, chansons dont la musique est donnée par le rythme et l’écriture. Qui frappent juste, dans l’humour et la mélancolie. Un de nos coups de cœur de cette rentrée de printemps.

Un article de Nicolas Blondeau

 

  27/05/2020
Tu vas lire (en circuit court) - Le petit bulletin - Mai 2020

Parmi les ouvrages les plus enthousiasmants on notera « Le jour où la dernière clodette est morte » de Judith Wiart aux éditions Le Clos Jouve, et pas seulement pour son titre — par ailleurs trompeur : aucune clodette n'a été abîmée pendant l'écriture de ce livre. L'autrice y retrace au moyen d'une écriture fragmentaire et protéiforme des souvenirs d'enfance, de courts flashes du passé ou du présent revenus à la surface et quelques belles réflexions sur sa condition de professeur et son rapport aux élèves ; dit comme ça, ça ne paie pas de mine, mais c'est absolument savoureux et touchant, comme une autobiographie clairsemée et impressionniste en forme de haïku qui restitue la petite essence d'une vie comme les autres et néanmoins unique.

Un article de Stéphane Duchêne

Chez le même éditeur, paraît également ce printemps J'essaie de tuer personne de Sammy Sapin, qui se présente et que l'auteur, infirmier de profession, présente en préambule comme « le récit non réaliste / en poèmes / d’une expérience réduite et partielle / de quelques années, / mes premières années d’infirmier, / juste après le diplôme, / et de ce que j’ai vu et compris et imaginé / alors / dans les hôpitaux, services, unités / où j’ai travaillé. » Où sur chaque page, en quelques mots l'auteur nous fait ressentir l'ampleur de la tâche des soignants pourtant souvent faite de petits gestes, leur confrontation permanente avec la cruauté de la maladie, la grande loterie de la mort et l'absurdité d'une vie sisyphéenne. Et au milieu, le sacerdoce du soin — qu'on peut aller applaudir sur son balcon.

http://www.petit-bulletin.fr/lyon/animations-connaitre-article-67394

Un article de Stéphane Duchêne

 

  24/05/2020
Rentrée littéraire et printanière pour le déconfinement ! - Le Progrès - Mai 2020

Les rentrées littéraires se multiplient. Après celle de septembre, celle du début d’année, voici celle du printemps. Une dizaine d’ouvrages d’auteurs de notre région seront publiés d’ici fin mai. Passage en revue.

« Le Jour où la dernière clodette est morte » par Judith Wiart.

Notations brèves issues du blog de l’autrice, poèmes, chansons dont la musique est donnée par le rythme et l’écriture. Qui frappent juste, dans l’humour et la mélancolie. Un de nos coups de cœur de cette rentrée de printemps.

« J’essaie de tuer personne par Sammy Sapin ».

Infirmier, écrivain… Sammy Sapin fait entendre une voix attachante et singulière. Pour dire la détresse de tous ceux laissés sur le bord du chemin.

Un article de Nicolas Blondeau
 

  24/05/2020
Entretien avec Sammy Sapin - La rentrée de printemps des auteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes - MAI 2020

Rencontre avec Sammy Sapin autour de « J’essaie de tuer personne » aux éditions Le Clos Jouve, dans le cadre de la rentrée « confinée » des auteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture.

Danielle Maurel : Sammy Sapin, vous avez récemment publié un récit poétique aux éditions Le Clos Jouve. Vous y relatez vos débuts dans le métier d’infirmier, les doutes, les émotions, la dure réalité, la fiche de paie qui ne fait pas rêver. Autant dire qu’en ces temps de crise sanitaire, votre texte ne manque pas d’une dimension politique.

Sammy Sapin : C’est très vrai, je pense qu’il y a forcément un aspect politique qui se dégage du texte, même si mon intention première n’était pas de faire passer un message particulier. Je suis surtout parti de mon expérience d’infirmier, de ce que je remarquais, de ce que ça bousculait en moi. Mais quand on veut parler de ce métier, on en vient naturellement à aborder les conditions de travail, le salaire, les conséquences de la gestion actuelle des hôpitaux. On peut difficilement passer à côté vu l’état où se trouve l’hôpital public aujourd’hui. Ces politiques marquent profondément les soignants qui les subissent, qu’ils découvrent ou non le métier. Sur ce plan-là, je pense qu’on a atteint un point de non-retour. La crise sanitaire le met davantage en lumière, mais dans tous les cas, à mon avis, s’il n’y a pas soulèvement, il y aura effondrement.

Un article de Danielle Maurel
 

  24/05/2020
Entretien avec Judith Wiart / La rentrée de printemps des auteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes - MAI 2020

Septième entretien de la rentrée de printemps confinée des auteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes avec l'auteure Judith Wiart pour « Le jour où la dernière clodette est morte » à paraître aux éditions Le Clos Jouve.

Un entretien de Joël Bouvier
 

  21/05/2020
J’essaie de tuer personne - Voyage d’un infirmier au pays de son métier - Les Potins d'Angèle - mai 2020

Même pendant la période du confinement, les éditeurs lyonnais ont continué de produire des textes. Voici une nouvelle livraison des éditions Le Clos Jouve.

Avec le regard de celui qui découvre et qui sait que désormais ce sera son quotidien. Le livre est fait de petits textes, soixante-douze, en vers non rimés, de la poésie du quotidien, parfois brutale, parfois tendre, parfois crue, parfois triviale comme la vie ordinaire.

Un article de Pierre Gandonnière
 

  08/05/2020
Un poème pour la route – La Croix Hebdo – Mai 2020

Sammy Sapin nous raconte, en poèmes, les souvenirs de ses premières années d’infirmier. Des scènes vécues au plus proche des corps, des émotions, des situations rendues tendres ou comiques malgré, ou à cause de, la souffrance tout autour. Sans rien enjoliver de cette confrontation nue avec les malades et les autres soignants. Les peurs, les cris et les sourires de chacun. Sans emphase ni misérabilisme, Sammy Sapin dépeint son expérience « en première ligne » avec justesse, sincérité et une écriture d’une grande fluidité.

Un article de Stéphane Bataillon
 

  31/03/2020
J’essaie de tuer personne de Sammy Sapin - Sitaudis.fr, poésie contemporaine - Mars 2020

Mieux qu’un reportage ou un roman « en immersion », soixante-douze poèmes brefs nous montrent l’hôpital vu de l’intérieur par un infirmier, un infirmier vu de l’intérieur par l’hôpital qui l’habite : leur osmose, avec nécessaire prise de distance, humour vital. Pas plus que la métaphore militaire (front, première et deuxième lignes, arrière), celle du spectacle ne peut convenir : séries où le médecin tiendrait le premier rôle et l’infirmière, si elle est amoureuse de lui et se suicide à la fin, le second. « Rien de plus infilmable » que les « ombres ménagères », ou « une aide-soignante qui fait son travail », les « figurants » et « ceux qui n’apparaissent pas ». On a beau les applaudir, ils ne jouent pas les héros, même s’ils font « pour la gloire » tout ce qu’ils font : « Quand on me demande mon métier je dis : infirmier. // Si on me demande ensuite comment c’est, je dis : / c’est bien. J’essaie de tuer personne. // (…) / Il y a toujours des risques. / On est toujours responsables. / C’est pour ça qu’on est si bien payés ».

Un article de François Huglo
 

  24/03/2020
Frapper une médaille - Profils perdus d'Antoine Vitez – I/O La gazette des festivals – Mars 2020

L’autre profil de l’artiste, cette autre face de la « médaille » que Léonardini s’est proposée de frapper, c’est bien celui de l’homme politique, convaincu de la nécessité d’un théâtre « violemment polémique », capable de faire bouger les lignes de la société dans son ensemble, ancré dans la banlieue rouge d’Ivry tout autant que dans les grands théâtres parisiens (à Chaillot puis au Français). La parole du deuil qu’est celle de Léonardini, née dans l’émotion de la perte, résonne trente ans plus tard avec autant de force et d’engagement. Nous parvient alors une multiplicité de fragments d’un monde théâtral quasi disparu, mais que la plume du critique parvient à ranimer par éclats saisissants, dressant une stèle de mots à l’un des plus grands metteurs en scène français du XXe siècle.

Un article de Noémie Regnaut
 

  21/03/2020
La Rome d’Ettore Scola – 1895 Revue d’histoire du cinéma – Printemps 2020

Dans cette monographie préfacée par Jean Antoine Gili, l’auteur cerne les liens entre le cinéaste et sa ville et décrit, de film en film, la source d’inspiration qu’a constitué Rome pour l’auteur. De ce point de vue, des films comme « C’eravamo tanto amati / Nous nous sommes tant aimés », « Brutti, sporchi e cattivi /Affreux sales et méchants », « Una giornata particolare / Une journée particulière », « Gente di Roma », en sont une parfaite illustration. Il s’attarde aussi sur des thèmes spécifiques tels que la famille, la comédie, les contradictions du miracle économique, l’idéal politique, fascisme et résistance, quitte à perdre un peu de vue le rapport du cinéaste avec la ville. Le livre se clôt avec un texte de Jack Ralite paru dans l’Humanité lors du décès du cinéaste où, citant Sophie Wannisch, celui-ci déclarait de son ami qu’il donnait « des forces pour renouveler quelque chose qui permettait d’habiter le monde ».

 

  16/03/2020
Émission spéciale cabaret poétique avec Damon, Houdaer, Le Querrec et Sapin - Radio Canut - Mars 2020

Une émission radiophonique accueille Frédérick Houdaer, créateur du cabaret poétique qu'il a créé il y a dix ans. Grégoire Damon, Perrine Le Querrec, Sammy Sapin nous feront entendre des extraits de leurs dernier livres.

« Un peu plus ample, un peu moins moche », Grégoire Damon, éditions Vanloo.

« Rouge pute », Perrine Le Querrec, éditions La Contre allée.

« J'essaie de tuer personne », Sammy Sapin, éditions Le Clos Jouve.
 

  09/03/2020
Sammy Sapin, J'essaie de tuer personne – Blog Jacques Louvain – Mars 2020

Et l'infirmier, fourbu, vermoulu, vaincu après trois gardes de nuit, trente-six heures en tout, rentre chez lui sans pouvoir moufter. « Tu ramènes trop de travail à la maison », dit la compagne.

D'où, peut-être, la nécessité d'écrire. Pas pour se plaindre et larmoyer, non, juste pour dire ce qui est. L'hôpital va mal depuis des années. Les maisons de retraite ne se portent guère mieux. Bref, c'est tout un édifice qui craque de partout. Auquel les soignants font semblant de s'habituer. Malgré l'odeur de la merde.

« J'essaie de tuer personne » de Sammy Sapin n'est pas sans rappeler l'univers frigorifique de Joseph Ponthus dans son roman versifié « À la ligne ». Lisez-le et soutenez ainsi les jeunes et prometteuses éditions Le Clos Jouve.

Un article de Dominique Boudou
 

  01/03/2020
Pour la gloire - Revue Artifice de L' ARALL - Mars 2020

Dans « J'essaie de tuer personne », on rit, on voit du pays, des soignants, des patients de toutes sortes. À la lumière artificielle de son écriture, forcément au scalpel, l’écrivain les regarde tous bien en face, nous regarde bien en face, se regarde bien en face. C’est cru, c’est cruel, c’est juste.

Un article de Laurent Bonzon
 

  21/02/2020
Pour ne pas oublier Antoine Vitez – Le Courrier Picard – Février 2020

« Les pages qui suivent ont été écrites à chaud, sous le coup de l’émotion provoquée par la disparition foudroyante d’Antoine Vitez. C’était écrit dans l’urgence de la perte. » Titulaire d’une écriture élégante et littéraire, Jean-Pierre Léonardini dresse un portrait vif et précis du grand metteur en scène, acteur et poète, sans oublier ses relations – essentielles – avec le Parti communiste. Passionnant.

Un article de Philippe Lacoche

La toute nouvelle maison d’édition Le Clos Jouve, de Lyon, a la bonne idée de rééditer l’essai (l’hommage ?) qu’avait consacré le critique dramatique (à L’Humanité), comédien et enseignant Jean-Pierre Léonardini à Antoine Vitez. Ce dernier venait de décéder prématurément. « Cela va faire trente ans et l’on dirait à peine que c’est hier », note l’auteur dans l’avant-propos de son livre initialement publié aux défuntes et regrettées éditions Messidor. « Les pages qui suivent ont été écrites à chaud, sous le coup de l’émotion provoquée par la disparition foudroyante d’Antoine Vitez. C’était écrit dans l’urgence de la perte. » Titulaire d’une écriture élégante et littéraire, Jean-Pierre Léonardini dresse un portrait vif et précis du grand metteur en scène, acteur et poète, sans oublier ses relations – essentielles – avec le Parti communiste. Passionnant.

Ph.L.

https://premium.courrier-picard.fr/id70464/article/2020-02-21/pour-ne-pas-oublier-antoine-vitez

 

  20/02/2020
J’essaie de tuer personne de Sammy Sapin - Le Grain de sel - Février 2020

« Tant qu’on ne s’est pas occupé/de vieilles dames dépendantes on ne réalise pas à quel point/les jeunes femmes indépendantes/sont formidables:/elles se lavent toutes seules choisissent elles-mêmes leurs vêtements le matin/se parfument seules/vont toutes seules/aux toilettes »
Toutes ces compétences soi-disant évidentes nous ont coûté des efforts considérables dans notre petite enfance. Prendre conscience de ce qui n’est pas évident, c’est peut-être ça, être infirmier. En tout cas, c’est certainement ça, être écrivain.

Un article de Grégoire Damon
 

  19/02/2020
Le cinéma comme il s'écrit - l'Humanité - Février 2020

Un livre nécessaire qui se termine sur l'hommage de Jack Ralite dans l'Humanité du 21 janvier 2016, à la mort d'Ettore Scola : « Aujourd’hui, je pense beaucoup à lui. J'ai tellement aimé cet homme et son cinéma, véritable oeuvre de "démocratie insurgente", comme aurait dit Miguel Abensour .»

Un article d'Émile Breton
 

  15/02/2020
Le cinéma dans les livres - La Rome d’Ettore Scola – Jeune Cinéma – Février 2020

On pouvait imaginer, après sa disparition il y a tout juste quatre ans, qu’une filmographie désormais bouclée allait déclencher quelques retours d’attention ; apparemment, le livre de Michel Sportisse est le premier, tout au moins de ce côté-ci de la frontière, à ouvrir le tir.

L’analyse est fouillée, à proportion de l’importance du film, « Se permettete parliamo di donne » donnant lieu, évidemment, à un développement moindre que « Brutti, sporchi e cattivi / Affreux, sales et méchants » (1976). Chacun étant traité soit séparément – les trois chefs-d’œuvre, osons le mot, cités plus haut –, soit selon une approche globale, via Stefania Sandrelli dans ses divers personnages : cinq titres, de « C’eravamo tanto amati » (1974), à « Gente di Roma » (2003) ou à travers l’Histoire « La famiglia » (1987), « Concorrenza sleale » (2001). Si ces approches ne remettent pas en question tout ce que nous savions, elles manifestent une connaissance précise du réalisateur et de ce qui constitue son univers qui fait de l’ouvrage un petit vademecum fort utile pour qui voudrait, de façon essentielle, (re)parcourir l’itinéraire tracé par Scola.

Lucien Logette - Jeune Cinéma - Février 2020

 

  03/01/2020
Léonardini, Vitez et Le Clos Jouve - Chantiers de culture – Janvier 2020

« Le chagrin est intact et la consolation impossible », écrit Jean-Pierre Léonardini dans ses « Profils perdus d’Antoine Vitez ». Paru sous le coup de l’émotion provoquée par la disparition foudroyante en 1990, il y a trente ans déjà, du metteur en scène, poète et photographe, le recueil est bienheureusement réédité au Clos Jouve, une jeune maison d’édition nouvellement créée à Lyon, sur les pentes du quartier de la Croix-Rousse. À peine une cinquantaine de pages, certes, pourtant d’une sensible émotion contenue et d’une puissante évocation créatrice…

Un article de Yonnel Liégeois
 

  02/01/2020
Le Clos Jouve – Avis de naissance attendue ! - Couleur Café Citoyen – Janvier 2020

Dans une période éditoriale où seul le roman semble privilégié, les éditions Le Clos Jouve viennent de naître à Lyon, avec la ferme intention de publier tout texte à leurs yeux essentiel (inédit ou épuisé), sans rien s’interdire : ni le champ littéraire, ni le champ politique, ni le champ historique.

Un entretien vidéo de Quentin Strousser et Jean-Philippe Bonan
 

  01/12/2019
L'exigence de l'édition - Vie Nouvelle - décembre 2019

La maison d'édition lyonnaise Le Clos Jouve publiait à l’automne trois premiers ouvrages de qualité. Elle s’apprête à nous en livrer quatre autres en 2020. Retour sur une naissance prometteuse.

Un article d'Amélie Meffre
 

  21/11/2019
Le Clos-Jouve sort les livres de leur enclos - La tribune de Lyon - Novembre 2019
À côté de courts textes de fiction / non-fiction comme celui de Kratochvil, on aperçoit des petites merveilles au grand nom remonter à la surface : « les Profils perdus d’Antoine Vitez » signé du grand critique dramatique et néanmoins théatral de L’Huma, Jean- Pierre Léonardini et un essai de Michel Sportisse relatant les 1001 chemins de traverse de « La Rome d’Ettore Scola ».

Un article de Luc Hernandez
 

  31/10/2019
Petits portraits d'instants présents - Les Potins d'Angèle - Octobre 2019

Jindra Kratochvil voit le monde par petites touches et on n’est pas sûr que ce soit le monde. En tous cas, pas celui-ci. Mais on n’est pas sûr. Toutes mes pensées ne sont pas des flèches est un recueil de petites histoires, très courtes, soixante-douze en tout, comme des poèmes en prose ou des mini-romans-timbres-postes.

Un article de Pierre Gandonnière
 

  25/10/2019
Un livre sur Ettore Scola : nous l’avons tant aimé - Expressions - Octobre 2019

Publié chez un nouvel éditeur lyonnais, Le Clos Jouve, « La Rome d’Ettore Scola » ne s’attarde pas seulement sur le décor de la majorité des films de Scola. En fin connaisseur, Michel Sportisse étudie avec beaucoup d’attention les films et leur contexte politique.

Un article de Jean-Charles Lemeunier

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  23/10/2019
Un éditeur à deux têtes vient de naître - Les Potins d'Angèle - Novembre 2019
Dans la plus pure tradition Lyonnaise (La fosse Aux Ours, Les Traboules), elle portent le nom de l'endroit qui les a vu naître : Le Clos Jouve. Dans la plus pure tradition croix-roussienne, c'est un bistrot, le café neuf, 32 BD de la Croix-Rousse.

Un article de Pierre Gandonnière



 

  25/09/2019
Le Clos Jouve : L'édition à rebrousse-poil - Le Grain De Sel - Septembre 2019

Pour monter une maison d’édition aujourd’hui, il faut une bonne dose d’héroïsme ou une tendance kamikaze. C’est sans doute un mélange des deux qui a poussé Philippe Bouvier et Frédérick Houdaer à fonder les toutes jeunes éditions Le Clos Jouve. L’un est militant depuis 35 ans, agitateur culturel depuis 25 ans, syndicaliste principalement autour des questions de la santé au travail et de l’éducation populaire depuis 20 ans, cinéphile depuis toujours; l’autre, écrivain, éditeur, a dirigé deux collections déjà, donnant naissance à une trentaine de titres.

Un article d'Etienne Mora
 

  18/09/2019
Une nouvelle maison d’édi­tion made in Croix-Rousse - La tribune de Lyon - Septembre 2019

Philippe Bouvier et Frédé­rick Houdaer viennent de lancer les éditions Le Clos Jouve.

Un article de Romain Desgrand