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ISBN : 978-2-493637-02-4
Nb de pages : 102
Dimensions : 140 x 220 mm





Photo : Stéphane Cerri
Gérard Guégan
Sonia Mossé, une reine sans couronne
Collection champ libre

Mai 1974 : Gérard Guégan publie son premier roman, « La Rage au cœur », aux éditions Champ Libre.

Été 2022 : Gérard Guégan confie son dernier récit, « Sonia Mossé, une reine sans couronne », collection Champ Libre, aux éditions Le Clos Jouve.

C’est peu dire que nous en sommes honorés.

Philippe Bouvier et Frédérick Houdaer



En avril 1935, Sonia Mossé va sur ses dix-huit ans quand le peintre Balthus, pour qui elle pose, la présente à Antonin Artaud sur le plateau des Cenci. À compter de ce moment-là, elle se jette à corps perdu dans les passions qu’elle se promettait de vivre depuis son plus tendre âge.

Ainsi, un soir de mai 1936, lors d’une réunion de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires, fait-elle la connaissance d’Agnès Capri. Le coup de foudre est immédiat. Et l’existence de Sonia s’en trouve bouleversée. Bientôt, Éluard et Breton l’inviteront à participer à l’Exposition surréaliste internationale de janvier 1938, bientôt Jean Paulhan lui offrira « La Fille aux yeux d’or », bientôt…

Non, il n’y aura pas d’autres « bientôt », la guerre a éclaté et les nazis entrent dans Paris.

Or Sonia est juive.







Être romancier, c’est notamment avoir le bon goût des dialogues, et Gérard Guégan en possède toutes les saveurs, la force, la vivacité, la légèreté, le trouble, l’arc et la flèche dans la manière de les assembler.

Philippe Chauché - La Cause Littéraire - Octobre 2022


L'intelligence de Guégan, c'est avoir choisi celle qui fut une silhouette dans la réalité pour en faire le personnage principal. Là est son travail purement romanesque, dans cette recomposition du passé.
Sonia lui permet de mettre en valeur les vraies lignes de forces de la période : la liberté sexuelle naissante – le trio Éluard, Nusch (sa femme), Sonia et la photo des deux femmes par Man Ray – la révolution dans l'imaginaire et la perception – la folie d'Artaud le Momo comme l'exposition surréaliste de 1938 avec l'unique œuvre de Sonia, un mannequin maquillé – le retour à l'ordre pétainiste qui fait de sa politique anti-juive précoce le premier marqueur de son ordre nouveau. Sonia, elle, avec son physique aryen, jouera avec le feu jusqu'à la fin, refusant obstinément de porter l'étoile jaune ou de se cacher, restant à Paris et mangeant chez Lipp avec des officiers nazis à la table d'à côté. C'est ce feu-là que restitue parfaitement Guégan. On le remerciera, par les temps qui courent, de nous réchauffer l'âme de cette manière.

Jérôme Leroy - Marianne - Novembre 2022


Dans un de ses petits livres vif-argent dont il a le secret, Gérard Guégan, ascendant Sagittaire, biographe des irréguliers et fin connaisseur des surréalistes, ne donne pas seulement à voir le destin météorique de Sonia Mossé, il nous offre de l’entendre au fil ininterrompu de dialogues cinglants.

Ici l’écrivain octogénaire de Fraenkel, un éclair dans la nuit, retrouve sa jeunesse rebelle et la reine, sa couronne.

Jérôme Garcin - Le Nouvel Observateur - 27 octobre 2022


Je n’ai rien à ajouter sinon qu’il faut guetter le bleu du ciel sans cesser de retourner le couteau dans la plaie. Après Fraenkel, un éclair dans la nuit, publié en 2021 et récompensé du prix de l’Académie française, Gérard Guégan poursuit, avec Sonia Mossé, son cycle de récits, non sans ce même souci de concision et d’excellence. Guégan brosse là un portrait attachant d’une jeune femme étonnante, une égérie photographiée par Man Ray, une figure touchante effacée par le temps. D’une certaine façon, l’itinéraire de cette reine sans couronne, jeune effrontée des années 1930 dont la beauté va électriser des peintres comme Balthus, André Derain et autres, s’oppose au parcours de Théodore Fraenkel le médecin militaire, le scientifique de la bande du Certa, un bar du passage de l’Opéra où se retrouvaient Breton, Aragon, Éluard, Desnos, Picabia, Tzara… Pour autant, leurs deux portraits se répondent, s’entrecroisent, se ressemblent autant qu’ils se diffractent, constituant à l’intérieur de cette généalogie du surréalisme une sorte de variation sur le thème : la vie est une aventure de poésie involontaire. Et si cela n’est pas, c’est terriblement ennuyeux.

Pierre-François Moreau - Les Lettres Françaises - Novembre 2022


De Sonia Mossé, il ne reste que quelques portraits lumineux, et des photos de ce mannequin quasi nu qu'elle conçut en 1938 pour l’exposition internationale du surréalisme qui se tint alors à Paris.
...
C’est ce destin oublié qu’a choisi de nous raconter Gérard Guégan dans un très émouvant livre.

Nicolas Brimo - Le Canard Enchainé - Mercredi 12 Octobre 2022


Grâce à une narration vive et bien menée – courts chapitres agrémentés de dialogues percutants – Gérard Guégan fait revivre ce destin fracassé et méconnu qu’il a découvert en écrivant son précédent livre consacré à Théodore Fraenkel, Fraenkel, un éclair dans la nuit, éd. de l'Olivier, 2021. Il fait également revivre l’époque de la deuxième guerre à Paris, où l’on voit agir des personnalités (Derain, Cocteau, etc.) à la conduite pas très reluisante, toujours prête à câliner l’ennemi venu d’Outre-Rhin. Un essai remarquable.

Philippe Lacoche - Le Courrier Picard - 4 Novembre 2022


CS : Avant la guerre, il y a la période surréaliste, où elle a une place très particulière. Il y a très peu de femmes dans ce milieu, à part des muses...

GG : C'est sa nature amoureuse qui fait qu'elle n'est pas muse. Elle a réellement une relation privilégiée avec Paul Eluard. Ce qu'elle ne supportait pas dans le surréalisme, c'était le chef, le culte grotesque. Sa nature sensuelle la poussait vers le refus d'un groupe avec des codes, des règles, des lois.
Mais en même temps, elle connaissait Jean Cocteau, qui ne s'est pas révélé très courageux. Tout le monde a dû être au courant de son arrestation. C'était un petit milieu entre le Flore, les Deux Magots, Lipp et le fameux restaurant Le Catalan, où j'ai peine à croire qu'il n'y avait pas d'Allemands en civil.
Ce qui m'a intéressé, c'est à la fois son côté séductrice, audacieuse, capable de tout. C'est quelque chose que les Français n'aiment pas du tout, contrairement aux Américains. Elle était touche-à-tout. Elle a fait plein de choses.
A 18 ans, elle est le modèle de Balthus, elle rencontre Artaud. Elle a une relation amicale avec Giacometti, qu'elle rencontre sans doute à Montparnasse et on lui prête une relation amoureuse avec lui. Elle maîtrisait les choses, elle savait écrire, elle savait s'habiller.

Stéphane Cerri - Midi Libre - 18 Octobre 2022


On n'en finit jamais avec Gérard Guégan, ni avec Sonia Mossé. Gérard Guégan sur Radio libertaire déploie encore à l'infini ce qu'il n'a pas eu le temps d'écrire et y donne d'importantes clés de lecture. Et puis entendre cette voix qui vibre pour Sonia et pour cette époque est un moment assez magique. On ne peut jamais tout dire. Il ne faut jamais tout dire sinon où serait le plaisir de cette double rencontre avec le livre et avec l'auteur. C'est la suite qui importe. Ce qu'on va en faire de cette rencontre.
Lire, écouter et partager sans modération

Delphine Leger - A propos de l'interwiew radiophonique d'Alexandrine Halliez - Radio Libertaire - Septembre 2022


Il reste à évoquer ce talent singulier de Guégan à nous forcer l’intimité, les coulisses d’Aragon, Cocteau, Nizan, Derain ou Breton, comme si on les écoutait, par le biais de dialogues vifs et limpides, la description d’une vie de strass et de frivolité, d’instants sans importance recelant le sens de l’époque. Puis à remarquer que son héroïne a quelque chose en commun avec Fraenkel, héros du précédent opus : elle se refuse à écrire. Mais contrairement au médecin du Normandie-Niémen, qui ne cherche qu’à disparaître jusque dans la tombe, elle aime les feux de la rampe, attirer l’attention, resplendir dans l’antimondanité où elle règne sans couronne et sans partage.
De ce dernier volume de la saga des années 1920-1930, Guégan a su faire un véritable roman, au sens de cette ancienne définition du roman aujourd’hui oubliée : c’est l’histoire d’une reine qui avait du malheur…

Thierry Marignac - Blog Antifixion - 3 Novembre 2022


Un bel hommage à cette muse qu'on a quelque peu oubliée.

Amélie Meffre - Vie Nouvelle - Octobre 2022


C’est par la forme déliée de la juxtaposition des fragments que Gérard Guégan évoque le destin de Sonia Mossé. En retraçant les moments d’une existence jusqu’à son embrasement à l’intérieur d’un train de nuit lancé sur l’autre rive de l’Histoire, le romancier fait de son héroïne une pythie, libre et indocile, dont les prophéties n’appartiennent qu’à elle.

Jacques Demange - Blog Les Clés du réél - Octobre 2022


Parution d'un très beau livre de Gérard Guégan à mi-chemin entre le roman et l'enquête au sujet de Sonia Mossé. Qui fut donc cette jeune femme morte à 27 ans en 1943 à Sobibor ? Actrice, décoratrice et dessinatrice, proche des surréalistes, immortalisée en photo et en dessin par Man Ray, elle fut aussi une amie proche d'Antonin Artaud et de Balthus, avec lequel j'aimais tant discuter. Comme d'autres "muses", de Nadja à Genica, elle avait été jusqu'alors trop peu prise en considération, au point d'apparaître comme la projection de l'imagination de poètes, et non pour ce qu'elle fut en vérité : une très belle femme, débordant de créativité, avec une oeuvre en propre, et un destin tragique. Devant le livre de Gérard Guégan, je me remets à rêver au propos de Chestov, pour lequel tout le pouvoir de la pensée était d'arriver à dire : Socrate n'est pas coupable, Socrate ne va pas mourir, Socrate est vivant. Ainsi de Sonia Mossé.

Stéphane Barsacq


Avec ce livre s’achève le cycle des portraits à vif : Markus Wolf avait une sœur, je l’ai aimée ; Rimbaud et Saint-Just font du théâtre ; Fontenoy ne reviendra plus (prix Renaudot de l’essai) ; Appelle-moi Stendhal ; Qui dira la souffrance d’Aragon ? ; Tout a une fin, Drieu ; Hemingway, Hammett, dernière ; Nikolaï, le bolchevik amoureux ; Fraenkel, un éclair dans la nuit (prix d’Académie française).

Né en 1940 à Marseille, Gérard Guégan est écrivain et vidéaste. En plus de créer dès 1960 deux revues d’avant-garde (Subjectif et Contre-Champ), il collabore à La Marseillaise, à l’Humanité, aux Lettres françaises ou encore aux Cahiers du cinéma, aux Nouvelles littéraires et, enfin, au Canard enchaîné. Il fonde également en 1969 les Éditions Champ Libre et redonne vie en 1975 aux Éditions du Sagittaire avant de créer, dans les années 90, la série Babel-Révolutions. Ò
Jusqu’à aujourd’hui, Gérard Guégan a publié plus d’une quarantaine de livres – pour la plupart, des romans, des récits et des essais.

Si malgré nos divergences, nos contradictions, nous ne nous unissons pas, nous qui entrons dans le troisième millénaire, nous sommes foutus.
...
Je n'ai rien à ajouter sinon qu'il faut garder le bleu du ciel sans cesser de retourner le couteau dans la plaie.

Gérard Guégan, Debord est mort, le Che aussi. Et alors ? Embrasse ton amour sans lâcher ton fusil (1995-2001)

 
                                    Paul Éluard pose à côté de l'oeuvre de Sonia Mossé

  Photo : Georg Reisner. Copyright inconnu




Comme je viens d’une époque, voire d’un monde, où chacun jurait de rester éternellement fidèle à ses convictions, je me suis souvent demandé pourquoi tant de figures énergiques avaient ensuite, et sans trop tarder, tourné la page de leur jeunesse. Cette question – qu’est-ce qui pousse un homme à changer de camp, à passer, par exemple, de la gauche la plus enragée à la droite la moins clémente ? – a fini par m’obséder. J’aurais pu en tirer la matière d’un pamphlet si ce n’est que je voulais toucher au-delà du cercle des convaincus. Aussi ai-je ressuscité un écrivain du siècle dernier, Jean Fontenoy, qui, pour reprendre le mot de Malraux, fut partout où cela comptait, tout du moins dans ses 20 ans : la Grande Guerre, Dada, Octobre, Maïakovski, Lénine et Trotski, Moscou et Shangai, etc. Or, lui qui était né pauvre, que l’école de la République avait su distinguer et dont les livres avaient séduit aussi bien Kessel que Colette, Blanchot que Céline, voilà que, contre toute attente (il avait dénoncé le nazisme dès 1933), il se fit soudain fasciste. Quelques années plus tard, non sans logique (et aussi par
haine de la lâcheté), il ne lui resterait plus qu’à partir se suicider dans Berlin assiégée par l’Armée rouge.
Reste que je n’ai écrit Fontenoy ne reviendra plus que pour comprendre de quoi nous sommes faits et à quoi tiennent nos destinées. Et nos refus.

Gérard Guégan

Ni récit ni biographie, le nouveau livre de Gérard Guégan est porté par une figure si romanesque au destin si tragique qu’il ressemble et se situe avant tout en littérature. C’est le roman de Fontenoy. Ses engagements, ses amours, ses obsessions, ses déguisements, l’histoire d’un homme qu’on rêverait tout à la fois de rencontrer et de fuir, d’aimer et de quitter, comme il n’aura cessé de se quitter lui-même.
C’est sans doute bien Brice Parain qui aura donné avant Gérard Guégan sur Fontenoy le sentiment le plus juste :
« Il y a eu Jean (Fontenoy). Je n’ai pas eu d’autre ami parce que les autres que j’ai connus étaient ou sont moins honnêtes que lui, je veux dire plus arrangeurs au fond. Arrangeur, il l’était comme vous le dites, mais il n’a pas triché avec la littérature, ou la poésie, comme vous voudrez, il a préféré devenir une crapule plutôt qu’un protégé de Paulhan, c’est tout de même beaucoup. »



Gérard Guégan Appelle-moi Stendhal - Editions Stock

Chacun le sait, tout ce qui s'est écrit sur la mort d'Henri Beyle, alias Stendhal, relève de l'invention. Même son cousin Romain Colomb a biseauté les cartes. Même Mérimée, ami de longue date, a cherché le scandale en déformant les faits. L'événement a pourtant eu un témoin direct, Joseph Lingay. Éminence grise de la monarchie de Juillet, cet élève de Fouché, qui se disait « le plus corrompu des corrupteurs », régnait sur les fonds secrets de cinq ministères. Il en fit ainsi profiter Gautier, Nerval, Heine. Et, fort de son pouvoir, il était sur le point en mars 1842 d'envoyer à l'Académie son cher Stendhal, avec qui il avait partagé plus d'un plaisir. Tous les deux, d'ailleurs, sortaient d'un bordel le soir où, foudroyé par l'apoplexie, l'écrivain manqua s'écraser sur le pavé parisien. Dans les heures, les jours suivants, Lingay s'employa à assurer sa légende, en s'aidant d'Old Nick, le découvreur de La Chartreuse, du jeune Gobineau, Ultra rallié à la cause de Mathilde de La Mole, et de Balzac, pas des plus rigoureux quand il y allait de l'argent. Parce qu'il a pu consulter les carnets secrets de Lingay, réputés perdus, et un inédit de Gobineau connu du seul Aragon, Gérard Guégan s'est autorisé à tutoyer l'Histoire le temps d'une dernière valse.

Musique diffusée dans l'émission :
Mao Mao pour le film La Chinoise de Jean-Luc Godard, 1967 - chanson écrite par l'invité

Choix musical de l'invité :
Johnny Cash, Danny Boy, version réenregistrée en 2002 sur l’album  American IV
Charles Aznavour, Qu'avons-nous fait de nos 20 ans ?